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Analyste:
Jean-Christophe Pucek Cœur du programme élaboré par Andreas Staier, la Méditation sur ma mort future de Froberger lui donne son titre. Loin d'un pensum funèbre, c'est l'amour de la vie que célèbre le claveciniste. Un cantus firmus, Pange lingua (« chante, ô ma langue ») constitue le ferment de plusieurs pièces, chez Froberger (Ricercar IV, Fantasia II), Fux (une Fugue tirée du Gradus ad Parnassum ), mais aussi Fischer (prélude et fugue détachés de l'Ariadne Musica) ou Bach (Prélude et fugue BWV 878 du Clavier bien tempéré). La même mélodie illumine les propres Anklänge de Staier, composées en 2020 à la faveur de la pandémie.
Sombres (Tempo flessibile) voire heurtées (Largo), les six pièces de ce cycle expriment une « conception de la musique marquée par Byrd, Bach et Schubert mais aussi [les] XXe et XXIe siècles ». Ce jeu de résonances et de diffractions culmine dans l'ample Un poco più lento del Preludio BWV 878/1 où les échos du passé sont les plus perceptibles, quand le flux continu du Sempre legatissimo regarde vers Ligeti. L'enchaînement attacca du Esitando conclusif avec le prélude et fugue de Bach, empreint de sérénité, resserre le lien, rapproche hier et aujourd'hui, abolissant le temps, clarifiant l'horizon comme une aube. Outre des Fischer caractérisés avec précision en dépit de leur brièveté, on retiendra l'intériorité de la Pavane de Louis Couperin et, surtout, les affinités évidentes que l'interprète entretient avec l'univers de Froberger. Il sait si bien restituer une émotion dans toute sa complexité (Méditation) sans jamais sacrifier la clarté des idées, la variété de l'expression (Ricercar IV) ou la souplesse du discours (Fantasia II), qu'il nous doit maintenant une monographie du maître chéri par Sibylle de Wurtemberg.
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