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Analyste:
Ivan A. Alexandre Jusqu'ici, les musiciens en quête du Messie primordial (Jean-Claude Malgoire 1980, John Butt 2006, Joseph An 2012) revivaient le 13 avril 1742, jour de la première exécution publique à Dublin. Felix Koch remonte plus loin, au manuscrit de 1741 révisé en 2018 par le musicologue Malcolm Bruno pour l'éditeur Breitkopf. Motif double dans « Ev'ry valley » ; « But who may abide » pour basse, sans le « feu » prestissimo des versions postérieures ; gigue séraphique de « Rejoice » ; « How beautiful » élargi… nous connaissions ce texte depuis longtemps, l'autographe ayant fait l'objet d'un fac-similé dès 1868 et le Handel Festival Japan de Toshiki Misawa ayant enregistré ledit autographe il y a six ans (ALM Records). Le Dr. Bruno fournit toutefois l'effort supplémentaire de lire dans les pensées du compositeur et de prendre en compte un manuscrit du copiste John Matthews supposé fidèle à ses intentions. Où le groupe japonais s'appuyait sur les cordes, le chef sarrois favorise hautbois et bassons omniprésents chez le copiste. Et tire ainsi de la Pifa des couleurs pastorales à fondre. La crèche comme si vous y étiez.
Respect et humilité, qui sont des vertus, distinguent en outre un chef plein de ressources. Le ton presque badin du chœur « He trusted in God » s'oppose non sans esprit à la violence usuellement associée au Psaume XXII. Lecture subtile, hélas ! sans relief (nativité, passion, rédemption sous une seule lumière), secondée par un chœur honnête (et mixte, inconnu en 1741) mais un quatuor d'une excessive modestie. Boyish soprano désincarnée, mezzo-soprano comme derrière un feutre, ténor étroit au souffle court, baryton agile et fragile à l'anglais insolite : rien de grave en concert, mais au disque, après nos Carolyn Sampson, nos Bernarda Fink, nos John Mark Ainsley, nos John Shirley-Quirk, nos cent amours…
Quoi qu'il en soit, le document comptera. Il révèle un chef-d'œuvre au berceau, qui en a vu d'autres. Oh là ! tant d'autres.
RÉFÉRENCES : Discographie comparée dans le no 575 .
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