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Analyste:
Philippe Ramin Après les sonates
anonymes des manuscrits de Klagenfurt (« Austrian Violin Music Around 1680 « ,
2014) et de la British Library (« Catena Bohemimica « , 2O2O), la violoniste
Veronika Skuplik et son complice Jörg
Jacobi poursuivent leur exploration du répertoire viennois du xviième siècle.
Pour ce dernier volume de leur trilogie, ils parcourent le recueil Sonotae
unarum fidium consacré aux ostinatos, variations et danses. Autour de
passionnants anonymes au style très marqué par Biber, le duo s'est intéressé à
la fameuse Chaconne de l'empereur Leopold Ier qui ouvre et clôt le
florilège et deux sonates non moins célèbres de Schmelzer. Le dispositif
instrumental est sobre (pas de basse d'archet) mais fait appel à un orgue du
xviième siècle successivement restauré par Arp Schnitger et Hendrik Ahrend. La
gigue de la suite anonyme pour violon seul permet d'apprécier l'archet très
éloquent de la violoniste et un sens aiguisé desrespirations musicales. Son jeu
en scordatura est remarquablement fluide et aisé. Le sens dramatique et la
sensualité du timbre trouvent un prolongement remarquable dans le continuo sobre
et dense de son partenaire. Écoutons les appuis étudiés de la très développée
Chaconne no 6
(anonyme mais l'oeuvre d'un maître) et ses chromatismes affligés,
merveilleusement soutenus par l'habile contrepoint de l'orgue. Dévoilant très
progressivement les jeux d'un instrument construit par Hermann Kröger
en 1650, Jörg
Jacobi manie les fonds avec discernement en éclaircissant son contrepoint dans
la Sonate no 11 de Schmelzer ou en privilégiant un soutien plus vertical
dans les danses, les douces attaques des flûtes rivalisant d'éloquence avec le
pur chant du violon. Au fil de l'écoute, on apprécie davantage l'absence
d'effets au profit d'un travail approfondi sur les places d'archet permettant au
chant instrumental de se libérer. Les arpèges transparents de la fantasque
allemande et de l'émouvante sarabande anonymes sont traités avec une rare
délicatesse de phrasé. Interrogeant les origines de ce répertoire infiniment
riche, les musiciens évitent de caractériser excessivement les danses, préférant
explorer des pistes expressives attentives au rythme harmonique et aux couleurs
des intervalles. Cette approche relativement rare sur la scène baroque
contemporaine renforce la pertinence et l'originalité du projet. Ainsi Veronika
Skuplik interroge-t-elle l'instrument du xvIIème siècle qui s'émancipe de son
rôle d'instrument à danser et rivalise avec la voix. Ce récital passionnant nous
fait découvrir un talent d'exception.
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