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Analyste:
Jean-Philippe Grosperrin Retour à la cour de Stuttgart pour Jörg Halubek et son ensemble dans leur exploration d'opéras oubliés, entreprise en 2012 avec la Tisbe (1718) de Brescianello (cf. no 633). Cette fois, l'œuvre date de 1699, le compositeur vient de Bratislava, le style marie italianisme diffus et marqueurs français (Kusser fut élève de Lully à Paris), on y chante en allemand d'après un modèle italien, Gl'inganni di Cupido (1691). Les ruses de Cupidon régissent en effet ce théâtre des amours des dieux grâce à trois couples : deux qui ne se forment pas (Apollon et Daphné, Vulcain et Pallas), l'autre où le désir progresse réciproquement jusqu'à la mort d'Adonis. Jupiter ex machina rectifiera son destin, comme le sort végétal de Daphné, dans un finale céleste.
Les beautés de la partition reposent sur une disposition modulable à partir de courtes unités lyriques, entre domination du continuo (le chef en diversifie l'effectif avec le goût le plus sûr) et coloration des vents (hautbois, bassons). En l'absence de chœurs, l'influence française s'exprime moins dans les danses (rares, en fin d'acte) que dans les airs avec basse obstinée ou par la plasticité (métrique, dramatique) de l'écriture : duos à surprises, postludes quasi graphiques. Halubek s'y montre inspiré, quand la vigilance expressive de l'équipe vocale en compense les faiblesses. Si Pallas, assez pâle, ne fait que passer, Apollon mérite mieux qu'un contre-ténor dont la voix courte va mieux aux langueurs qu'au drame. Adonis (baryton) gagnerait à moins d'uniformité, ou plus d'éros, comme sa Vénus, soprano trop clairet, trop proche d'ailleurs de son fils Cupidon (Anita Rosati, parfaite en garçon éloquent). L'impérieuse Nina Bernsteiner ne fait qu'une bouchée de Daphné, qu'elle soit chasseresse ou proie. L'éclat sans noblesse de Dominik Wörner paraît plus propre à Vulcain, que Morgan Pearse chante en musicien exact. Heureuse découverte en somme.
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