Texte paru dans: / Appeared in:
*
 

Diapason # 732 (04/2024)
Pour s'abonner / Subscription information


Ramée
Ram 2301




Code barres / Barcode : 4250128523011


 

Analyste: Loïc Chahine

 

Frank Theuns et Bertrand Cuiller nous avaient régalés dans les sonates pour flûte et clavecin du Cantor ( Diapason d'or, cf. n°698 ).

 

Les voici rejoints par Sophie Gent et Les Muffati. Tout cela augurait du meilleur. Il faut pourtant passer sur une Suite en si mineur décevante - lecture assez scolaire, en mal d'imagination : écoutez le Rondeau, systématique, la Badinerie plus vainement agitée que badine. La flûte, curieusement, paraît plus d'une fois à la peine.

 

L'essentiel se trouve dans les deux « triples » concertos. Rapprocher ainsi le BW V 1044 et le cinquième des Brandebourgeois met en relief leur profonde différence, les interprètes restituant leurs spécificités avec finesse : à l'un l'aimable marivaudage, à l'autre un impérieux sens du tragique. On admire la manière dont le jeu de Cuiller se métamorphose, ici plus brillant, là plus rigoureux, presque hautain, toujours superbe. Bien capté, le clavecin (Bruce Kennedy d'après Christian Zell) articule sans sécheresse. Dans le premier mouvement du BW V 1050, il fait crépiter les vagues de doubles croches qui précèdent l'immense cadence - à laquelle l'interprète donne tout le vertigo attendu.

 

D'un bout à l'autre des deux concertos, l'équilibre si difficile à réaliser entre les trois solistes s'accomplit : nul ne tire la couverture à soi. Un phrasé plus engagé n'aurait pas nui à l'Affettuoso central du même Bran-debourgeois, ici un rien distant - les affetti trouvent mieux leur chemin dans un finale mené avec brio et esprit, quasi idéal. Les Muffatti, plus légers que dans la Suite qui ouvrait l'album, soutiennent le discours avec efficacité.

 

A son meilleur, l'orchestre déploie des teintes sombres, inquiétantes dans le redoutable BW V 1044, et alimente un dialogue soutenu. Carl Philipp Emanuel Bach n'est pas loin, comme en témoigne l'allure emp-findsam de l'Adagio ma non tanto, e dolce auquel le violon de Gent, presque « altisant » confère une couleur automnale très en rapport avec les cieux tourmentés des deux autres mouvements. Sommet de l'album, distillant mystères et angoisses, cette version offre une alternative de choix à celle, plus vive, du Café Zimmermann (Alpha/nos Indispensables).

 

 



Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical
Livraison mondiale


 

Choose your country and currency
when reaching
Presto Classical
Worldwide delivery

 

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews