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Analyste:
Erwan Gentric Après s'être plongés dans le Codex Specialnik (Etcetera) en 2017, Vojtech Semerad et la Cappella Mariana remettent le couvert en élargissant le spectre de leurs recherches aux Codex Strahov et Wroclaw, aux Trente 88 et 93, ainsi qu'au livre de chansons de Schedel.
Toujours à débusquer les traces de l'école franco-flamande cachées dans ces sources d'Europe centrale, les musiciens se focalisent cette fois sur les polyphonies de Touront (dans lesquelles ils se sont déjà illustrés en 2022, chez Passacaille), Isaac et Weerbeke.
Le travail d'attribution étant toutefois rendu difficile par les multiples remaniements (O lumen de Weerbeke), omissions (Missa sine Kyrie de Touront) ou parodies (Salus æterna de Weerbeke ou Japart) qui avaient cours à l'époque, six pièces de ce programme demeurent anonymes. Certaines sont de petites merveilles, entre autres l'imposant Victimae paschali laudes , qui associe savamment contrepoint et homorythmie, et le bel O Altissime, combinant si astucieusement les couleurs vocales.
Il faut dire que là, comme chez Weerbeke ( Anima mea liquefacta est et Salus aeterna notamment), la Cappella Mariana frappe par sa ferveur et son homogénéité exemplaire. En dehors de ces quelques pièces, l'ensemble montre une certaine retenue quant à l'expressivité (très figée dans la Missa de Touront) et au caractère (trop neutre dans la Missa Chargé de deuil d'Isaac) ; certes soignées, les polyphonies prennent alors des contours géométriques et répétitifs qui finissent par lasser. En outre, on goûte peu les excès d'intention d'un cantus aux timbres irréguliers et dont l'incarnation emphatique tourne en rond (Avevirgo gloriosa de Touront). A sa décharge, la formation tchèque est desservie par une acoustique trop réverbérée et une prise de son distante qui, en plus de noyer la matière, ne favorise ni le texte ni la musique. Difficile donc d'apprécier d'un bout à l'autre cette gravure sur courant alternatif et péchant par une densité parfois indigeste.
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