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Diapason # 732 (04/2024)
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Opera Rara
ORC64




ode barres / Barcode : 0792938006420


 

Analyste: Julia Le Brun

 

Le succès remporté par la création de cet Esule di Roma au San Carlo de Naples en 1828 prépara le triomphe d'Anna Bolena qui, deux ans plus tard, allait lancer la carrière de Donizetti. Pour appréhender ce melodramma eroico, l'amateur de bel canto et le curieux devaient se contenter d'un live de 1986 avec Cecilia Gasdia ; Opera Rara leur offre bien mieux ici.

 

Résumons l'intrigue. Sous Tibère, le sénateur romain Murena a comploté pour faire exiler Settimio, dont sa fille Argelia est éprise. Rentré à Rome, le jeune homme est arrêté et condamné à mort. Rongé par la culpabilité jusqu'à perdre la raison, Murena finira par se dénoncer à l'empereur. Ce dernier pardonne à chacun, d'autant que le lion de l'arène, aussi magnanime, a épargné le condamné.

 

Au sénateur Murena échoit une des premières scènes de folies de l'époque et un personnage novateur : loin des patriarches hiératiques traditionnels, c'est un baryton-basse hésitant, plein de remords, comme en témoigne une ligne de chant constamment brisée. La voix un peu trop claire de Nicola Alaimo n'a ni les graves ni la puissance de celui qui créa le rôle, Luigi Lablache, mais le chanteur a pour lui l'élégance du style et un verbe ciselé, ainsi qu'un engagement dramatique sans faille. Sergey Romanovsky offre à Setti-mio son timbre moelleux de ténor léger. Sensible et romantique à souhait, ce magnifique donizettien est aussi à l'aise dans l'élégie que dans l'éclat héroïque. Touchante Argelia, Albina Shagimurato étonne par la souplesse d'un soprano riche et vibrant jusque dans le suraigu, et son agilité dans les pyrotechnies souriantes de la grande scène finale, très rossinienne. On savoure enfin le baryton expressif de Lluis Cal-vet i Peyn, chargé d'incarner Publio. Allègrement accompagnés de cymbales et solos de trompettes, les chœurs se font tantôt guerriers et joyeux, tantôt pathétiques, sous la baguette enthousiaste de Carlo Rizzi. S'il entraîne avec flamme le Britten Sinfonia, il soigne également les récitatifs, sans jamais relâcher la tension dramatique.

 


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