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Denis Herlin Concerts royaux ont une histoire singulière. Lorsque Couperin les insère en 1722 à la fin de son Troisième Livre de pièces de clavecin, il a conscience que ces « pièces […] sont d'une autre espèce que celles qu'[il a] données jusqu'à présent ». Et d'ajouter : « Elles conviennent, non seulement, au clavecin, mais aussi au violon, à la flûte, au hautbois, à la viole, et au basson. » Cette polyvalence offre aux interprètes de multiples possibilités qui font des Concerts royaux une œuvre essentiellement protéiforme.
Aborder ces pages à deux clavecins est plus rare, puisque Couperin ne le préconise pas, contrairement à ce qu'il propose en 1724-1725 pour les Apothéoses de Corelli et d e Lully, en 1726 pour Les Nations. Toutefois, Pierre Gallon et Matthieu Boutineau ne sont pas les premiers à avoir eu cette idée - Laurence Bou-lay et Françoise Lengellé les ont précédés (Erato, 1984).
Pour jouer à deux clavecins les Concerts royaux, il faut donc faire preuve d'une grande créativité, car la majorité des pièces ne dispose que de deux parties (un dessus et une basse chiffrée). Fort de l'exemple fourni par Couperin dans son Allemande à deux clavecins du Neuvième Ordre qu'ils ont judicieusement insérée dans le Troisième Concert en raison de leur tonalité commune, les deux musiciens adaptent chacune des danses en fonction de ses spécificités et varient les reprises, les registres et les tessitures, tout en respectant le texte de Couperin déjà richement orné.
Ils invitent également dans certaines pièces un théorbe, par exemple dans l'Air tendre du Deuxième Concert, manière de rendre hommage à Louis XIV dont c'était l'un des instruments favoris. Un témoignage des années 1680 affirme d'ailleurs que le roi aimait à entendre le claveciniste Hardel « en concert avec le luth ». L'ajout du théorbe donne une sonorité plus « dix-septième siècle », propice à célébrer un souverain au seuil de la mort. L'interprétation si vivifiante et si précise des deux clavecinistes, à la fois tendre et joyeuse, renouvelle l'écoute d'un recueil que l'on pensait connaître, mais qui ne cesse de nous surprendre.
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