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Analyste:
Adrien Cauchie Heinrich Schütz a quatre-vingt-six ans lorsqu'il pose la conclusion de son Chant du cygne, auquel il travaillait sans doute depuis une décennie. Cet ultime opus contient la mise en musique pour huit voix et deux chœurs du monumental Psaume CXIX de David (complété par le Psaume C et un Magnificat). Eloge des préceptes divins que le prophète invite à « aimer et désirer avec passion », le texte constitue un matériau de choix dont le compositeur fait un véritable chef-d'œuvre. On a cru jusqu'en 1975 la partition perdue. Elle a déjà donné lieu à de magnifiques enregistrements, notamment par Philippe Herreweghe (HM, 2007) ou par Hans-Christoph Rademann (Carus, 2017). Sans remettre en cause leurs qualités, la nouvelle version offre à entendre quelque chose de neuf. Schütz ayant seulement noté un accompagnement à l'orgue, l'exécution se prête ici à un exigeant travail préalable d'instrumentation. Comme il s'en explique dans la notice, Roland Wilson s'est inspiré d'autres Psaumes de David que Schütz a composés en 1619. Le résultat, parfois surprenant, est toujours beau, à l'image de ces cornets et trombones victorieux qui, en se mêlant aux voix dans « Wie habe ich dein Gesetze so lieb », soulignent élégamment la plénitude de Dieu telle que la décrivent les versets du psaume. Cette interprétation haute en couleur est une très grande réussite. Mais là où Wilson est plus audacieux encore, c'est en se concentrant sur un ensemble vocal restreint à huit chanteurs - quatre pour chacun des chœurs. Un tel choix donne une importance considérable au texte en clarifiant l'écriture madrigalesque italienne si chère à Schütz. Dans « Ich rufe vom ganzen Hertzen », cela fuse en tous sens mais avec une formidable minutie dans la légèreté : on savoure la précision de chaque entrée sur le vers « Herr, erquicke mich nach deinen Rechten », on admire la communion des voix sur « Siehe mein Elend und er rette mich . » Malgré l'effectif réduit (et certaines individualités qui seront affaire de goût), les chœurs se révèlent somptueux, comme dans le Magnificat final. On termine alors l'écoute avec le sentiment puissant de savoir enfin ce qu'est le Chant du cygne . |
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