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Frédéric Degroote Ce premier volume d'une trilogie sur les œuvres de Las-sus écrites à partir de compositions préexistantes se concentre sur les transformations de madrigaux en Magnificat. Quatorze partitions de ce genre sont ainsi réparties sur deux CD : d'abord celles basées sur des madrigaux de maîtres plus vieux que Lassus (Verdelot, Berchem, De Rore, etc.), ensuite celles composées en s'appuyant sur les œuvres de contemporains de l'époque où Lassus était en poste à Munich (Vecchi, Nanino, Striggio, etc.). Le tout s'achève par le seul exemple d'un madrigal de Lassus, S'io esca vivo, amplifié par lui-même en Magnificat.
On peut supposer que les nouvelles partitions étaient alors non seulement évaluées pour leur qualité intrinsèque, mais qu'elles devaient aussi jouer avec la mémoire de l'auditeur. La question des choix de citation de Lassus est vivement débattue dans la notice. Tout en saluant l'important travail de recherche accompli pour identifier les concordances entre les Magnificat et les chansons - que les publications anciennes n'indiquaient pas -, on restera prudent quant à l'identification un peu rapide du madrigal Quando lieta sperai attribué à Cristobal de Morales et demeuré anonyme jusqu'à présent.
Philip Cave et l'ensemble Magnificat ont la bonne idée de jouer la carte d'un effectif restreint, tantôt constitué uniquement de voix d'hommes et parfois rejoint par des sopranos. Dans une acoustique sèche, le chant se révèle hélas souvent souffreteux (Ultimi miei sospiri de Verdelot et le Magnificat qui s'en inspire), empressé (Anchor che col partire de Ci-priano De Rore) et fort lisse face aux moyens expressifs et figuralismes qui inondent ces pages. Le désir de donner relief et clarté contrapuntique est certes louable, mais la réalisation n'évite ni l'uniformité ni l'ennui, malgré des moments réussis quand l'effectif masculin chante seul (O s'io potessi donna de Berchem et Vergine bella de De Rore). Le second CD, qui fait la part belle aux madrigaux plus légers, file droit au but (Oche vezzosa aurora de Vecchi et son Magnificat ) avant de retomber dans le manque de couleurs. On retiendra surtout de ce double album sa volonté didactique et ses raretés (Magnificat sur des madrigaux de Nollet, De Reulx).
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