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Analyste:
Clément Stagnol Près de sept siècles après avoir été écrite, la musique de Machaut demeure un champ de trésors à défricher. Si sa Messe de Notre Dame est entrée de longue date au répertoire, l'ampleur de son œuvre profane appelle encore les bonnes volontés des interprètes, notamment au profit des lais, qui par leur longueur, peuvent se révéler particulièrement arides.
S'en tenir à deux lais (soit déjà un peu plus de trois quarts d'heure de musique) est donc judicieux, tout comme leur choix, qui met en regard amour courtois pour l'un et amour sacré pour l'autre. Emmanuel Bonnardot sait convaincre du caractère exceptionnel de cette musique à laquelle il confère une grande personnalité. Il prend le parti d'accompagner les lais par des bourdons inventés, à l'instar de pratiques en usage dans les musiques traditionnelles. Instrumentation et registration variées, intermèdes instrumentaux, passages non mesurés ou non accompagnés : les idées sont pléthore. Cette liberté face au cadre a priori sec de la monodie force l'admiration. Là où d'autres se sentiraient démunis devant pareille longueur, Bonnardot assume le risque d'allonger encore la forme, n'hésitant pas à refaire entendre une strophe en version instrumentale.
Si le chant de Camille Bonnardot convainc dans le Lai de la Rose, à l'ambitus redoutable, le Lai de la Fonteinne reste un peu en dessous des attentes, du fait de quelques faiblesses vocales qui n'élèvent pas la réalisation à la hauteur de la science polyphonique de Machaut. On regrette aussi la présence de percussions (ces lais ayant bien peu de rapport avec la danse) et la sensation d'une mesure légèrement trop présente. Cela dit, ces deux lais gagnent ici une lecture inventive et vivante. Portée par une énergie communicative, elle réussit à rendre la musique de Machaut accessible aux oreilles de l'auditeur le plus profane.
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