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Diapason # 728 (12/2023)
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Naïve
 OP7547




Code barres / Barcode : 3700187675479


 

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Analyste: Loïc Chahine
 

Il aura fallu vingt-huit ans au Concerto Italiano pour édifier son intégrale des madrigaux de Monteverdi, entre le Livre IV gravé en 1993 (précédé par un Livre VI chez Arcana, 1992) et le Livre I en 2021. Voici rassemblées les galettes parues sous étiquettes Opus 111 et Naïve, avec un enregistrement inédit des Livres I et IX.

 

C'est donc un double parcours que documente ce coffret : celui de Monteverdi et celui d'un ensemble et de son chef (cf. p. 26).

 

A la perfection formelle atteinte par Monteverdi répond celle de textures vocales infiniment soignées du Concerto Italiano. Celles-ci sont magnifiées par les Livres IV à VI. « Les lumineuses voix italiennes […] évoluent avec aisance et naturel […] et la pureté de l'interprétation des pièces a cappella est confondante : beauté de la couleur, connivence sans faille, justesse irréprochable, transparence du tissu polyphonique et pertinence de l'expression dramatique », résumait Denis Morrier à propos du Livre V . Autant de qualités que l'on retrouve dans le Livre I nouvellement venu : les chanteurs excellent encore et toujours à étendre leurs lignes et à joindre leurs consonnes pour éclairer la forme (voyez seulement Se per havervi), le chef à introduire ici un discret crescendo, là des accents presque indescriptibles (A che torni il ben mio).

 

Quand La Venexiana (Glossa) exacerbe les sentiments, la manière de Rinaldo Alessandrini est plus intériorisée mais tout aussi saisissante. Ecoutez Ohimè, se tanto amate (Livre IV) : merveille où l'interprétation seconde la musique sans cabotiner, où la respiration devient palpable, où les intervalles parlent, où les inflexions des « ohimè » peignent à fresque le désespoir, la sensualité, avec même une pointe d'humour !

 

Les pages faisant la part belle aux solistes sont souvent le point faible des intégrales - cela se vérifie dans un Livre VII un rien en deçà des autres. Mais dans le Ballo delle ingrate, « le Concerto Italiano dynamise exemplairement la forme un rien convenue du ballet florentin.

 

Transfigurant les situations et les mots, il porte à incandescence le stile recitativo », analysait le regretté Roger Tellart.

 

Trois madrigaux du Livre VIII sont empruntés à l'anthologie « Night, Stories of lovers and warriors » (2016), et non à l'intégrale de 1997-1998. « Horche'l ciel e la terra proprement inouï […] stupéfie dès les premières mesures […]. Un prodigieux étirement du temps autorise une gradation idéale des affetti . » Dans le Combattimento di Tancredi e Clorinda, « le fabuleux Raffaele Giordani profère chaque parole avec une pertinence et une profondeur rares » (Denis Morrier). « Il ose et réussit là où tant d'autres n'ont su ni tenter ni convaincre : la pire violence des batailles, la stupeur muette face au drame, l'élévation spirituelle et même la liberté du lyrisme et de l'ornementation […] Le Lamento della ninfa résume le travail sur le texte qui permet à Alessandrini de se soustraire à toutes les tentations “esthétisantes” en renouant avec le cœur du projet montéverdien. » Une constante dans l'approche : l'absolu respect du texte et de la partition. « Les informations et les instructions que Monteverdi a voulu nous laisser sont claires : parfois trop », écrit Alessandrini. « Et, une fois les livres refermés, lus des dizaines de fois, le péril qui nous guettait était toujours le même - en arriver à se dire, une fois de plus : “Evidemment ! Bien sûr que c'est comme ça et que ça ne pouvait pas être autrement !” » Péril ? Il nous semble, au contraire, percevoir ici une vertu : nous faire croire, à nous auditeurs, à l'évidence.

 

 

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