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Analyste:
Guillaume Saintagne C'est sans doute l'un des plus beaux programmes de musique du Seicento jamais enregistré.
Glissant quelques tubes parmi une pluie d'inédits splendides, l'album alterne habilement lamentos, tarentelles, arias, sonates, cantates, chansons, sinfonie et concertos. Il nous emmène de Venise, à Rome, Florence, Naples, Palerme, Parme, Vérone jusqu'à Munich voire Varsovie entre 1602 et 1690.
A côté des Monteverdi, Caccini, Frescobaldi et Cavalli bien connus, ou des plus rares Kapsberger, Strozzi, Pallavicino, Sartorio et Marini, place aux Kerll, Saracini, Cappellini, Bernabei, Jarzebski, Vitali, Moratelli, et, compositeur privilégié pour ce disque Giovanni Ce-sare Netti (1649-avant 1686), dont les airs aussi contrastés que paroxystiques sont renversants. La notice détaille sources et conditions de création avec une exhaustivité rare, et fournit une brève description intelligente, érudite et sensible de chaque morceau. Dommage que les traductions des paroles ne soient accessibles que via un QR code ! Toutes ces merveilles prennent vie grâce à Il Pomo d'Oro dont la collégialité se passe ici aisément de chef. C'est brillant, enlevé, plein de reliefs, et certaines pages bien connues paraissent retrouver leur splendeur originelle.
Jakub Josef Orlinski fait toujours valoir une projection souveraine sur un bel ambitus, un timbre soyeux et une prosodie soignée qui lui permettent une grande expressivité, malgré une grammaire belcantiste perfectible. Mais si les intensités sont variées avec finesse, la sincérité et l'engagement de tous les instants (jusque dans une vieille nourrice très réussie), il manque à l'interprète davantage de profondeur psychologique pour renouveler l'attention et imposer un personnage différent à chaque aria, c'est-à-dire toutes les trois minutes. Son vocabulaire d'affects doit encore s'enrichir car l'émotion naît davantage de la surprise d'un accent juste que d'une pose, aussi éclatante soit-elle. |
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