Texte paru dans: / Appeared in: |
|
 |
Outil de traduction |
|
Analyste:
Denis Morrier Au Festival de Martina Franca 2022, le Xerxe de Cavalli est présenté dans sa première mouture, celle de la création à Venise en 1654. Pas de prologue : l'ouvrage débute par l'aria « Ombra mai fu ». D'une intrigue complexe, faite d'imbroglios, de personnages cachés sous d'autres personnages, la mise en scène de Leo Muscato fait une espèce de comédie qu'il installe dans des toiles peintes aux motifs arabisants. Le travestissement, ressort essentiel du théâtre vénitien, n'est plus ici prétexte qu'à ridicule. Très colorés, les costumes hésitent entre robes pseudo-baroques, habits militaires modernes, perruques volumineuses et accessoires orientali-sants. Aucune passion n'est sincère. Jeux, gestes et postures, parfois inspirés de la commedia dell'arte, sont perpétuellement outrés. Le spectateur rit occasionnellement (comme à l'apparition d'Elviro, déguisé en fleuriste), mais il ne lui arrive jamais d'être ému. Certes, Carlo Vistoli incarne avec autorité le tyran versatile Xerse, et Ekaterina Protsenko a du mérite de nous faire croire, malgré le grotesque de son accoutrement masculin, à son pouvoir de séductrice. Distribuer à un contralto féminin le rôle du frère de Xerse convainc d'autant moins que Gaia Petrone poitrine et vibre à l'excès. Quant à Carolina Lippo, sa Romilda multiplie stridences et écarts de justesse. On passera sur le chant approximatif et forcé de Carlo Allemano, Ariodate grimé en histrion de pacotille. Dans la fosse, Federico Maria Sardelli s'appuie sur la toute nouvelle édition de la partition (Bärenreiter). Malgré tous ses efforts à la tête d'un ensemble réduit mais efficace, l'ennui survient rapidement dans ce long spectacle aux images parfois rebutantes (lumières fades, figurants inutiles et disgracieux), desservi par une prise de son désagréable, parasitée par des bruits de scène et d'omniprésents frappements de main (dont le sens nous échappe) imposés par le metteur en scène. Une première en DVD à fuir en attendant qu'il y en ait une autre. |
|
