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Analyste:
Patrick Szersnovicz Frank Peter Zimmermann livre la suite de son intégrale des Sonates et partitas de Bach dans un second album aussi splendide que le premier (cf. no 718).
Un son clair, plein, chaleureux, racé, savoureux, porte un discours d'épopée qui exalte le chant, l'émotion poignante, autant que la rigueur stylistique : tout ici respire l'évidence et la ferveur. Par son artisanat à la fois humble et furieux, son engagement constant, voire sa rudesse de diction et d'articulation où la nuance n'est jamais anémiée, le violoniste exprime non l'orgueilleux narcissisme du virtuose mais son contraire : la communication, c'est-à-dire le sacré.
Frappent d'emblée la sensation d'une lutte sans cesse transcendée par la sérénité, l'imagination et l'épanouissement de l'interprète, mais aussi une extrême caractérisation de chaque mouvement et presque de chaque phrase, où s'équilibrent son et silence, lumière et ombres. Dès le long Adagio initial de la Sonate no 1 en sol mineur, cette approche se traduit par un vibrato serré, économe et sélectif, des irisations franches et douces, tandis que les mouvements vifs, comme ceux de la Partita no 1 en si mineur, tour à tour légers et sensuels, pugnaces et rugueux, semblent toujours repousser leurs limites pour affirmer le triomphe de l'esprit sur la matière.
Les phrasés nets, la fluidité d'un galbe d'archet mûrement pensé et dénué de pesanteur jouent leur rôle dans la Sonate no 3 en ut majeur (sommet du recueil, de pair avec la Partita no 2 et son iconique Chaconne). Dans l'extraordinaire et gigantesque Fuga à quatre voix, les inflexions, les prises de risques paraissent par moments moins radicales et subjectives qu'avec Isabelle Faust (HM) ou Christian Tetzlaff (Ondine). Mais paradoxalement, Zimmermann nous semble aller plus loin dans l'acuité sonore, l'approfondissement rythmique, la concentration et surtout l'intégration de figurations mélodiques adjacentes dans le développement du thème de choral.
Plus romantique par son intériorité et son ampleur de vue que ses meilleurs rivaux actuels, il atteint à la classe violonistique hors norme d'un Szeryng, d'un Grumiaux, d'un Milstein.
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