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Analyste: Guillaume Saintagne
Difficile de ne pas être gêné à l'écoute de cet album. Son programme est passionnant, fruit de fouilles minutieuses dans les bibliothèques de toute l'Europe en compagnie de l'infatigable Yannis François. Il regroupe des pages inspirées par le plus grand librettiste du XVIIIe siècle (Métastase) à des compositeurs entre 1748 et 1770. À coté d'inédits de Gluck ou Hasse et de la découverte d'un Valentini, figurent ici les trop rares Bernasconi, Traetta ou Ferrandini. Les amoureux du baroque prendront plaisir à reconnaître des vers déjà entendus chez Vivaldi, Mozart ou Vinci, et compareront ce qu'en ont fait d'autres plumes. Le texte de présentation, très informé et très sensible écrit par Jaroussky lui-même, leur sera très profitable.
L'interprétation, sur laquelle se devinent les outrages du temps, nous laisse beaucoup plus partagé. Les piano du contre-ténor sont toujours aussi délicats, le texte lancé avec la même exactitude qu'autrefois. Mais si les vocalises conservent leur souplesse, elles manquent désormais de souffle et de soutien. Le timbre s'est aussi dégradé, particulièrement dans des forte désagréables, et l'aigu devenu acide. Cherchant de nouvelles ressources pour parer un chant qui a perdu sa grâce juvénile, le chanteur poitrine dignement et abondamment - ce qu'il faisait jusque-là très rarement -, pour donner tout leur poids aux graves écrits pour les castrats.
Hélas, cela ne suffit pas à convaincre, quand d'autres ont depuis su reprendre le flambeau avec une tessiture plus continue. Parmi les réussites de ce disque, on privilégiera les lamentos, comme celui très lancinant de Gluck ou les airs syllabiques, tel celui de Piccinni.
Le Concert de la Loge dirigé par Julien Chauvin offre un accompagnement très juste et attentif, voire sur la retenue pour ne pas bousculer le héros, alors que l'émotion devrait aussi surgir de la confrontation entre le personnage et l'orchestre, que le second amplifie les sentiments paroxystiques du premier, ou qu'il incarne son monstrueux destin contraire.
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