Texte paru dans: / Appeared in: |
|
 |
Outil de traduction |
|
Analyste: Ivan Alexandre
Deux pôles aimantent les Fantaisies du jeune Purcell : Jordi Savall, secret, spéculatif, d'un mysticisme voluptueux ; Vittorio Ghielmi, théâtral, fantasticus dans le style de Locke ou des chiaroscuri romains. Entre ces pôles se distinguent Philippe Pierlot et quelques amis de la synthèse expressive. John Holloway rejoint cette famille qu'on pourrait dire, sans aucune réticence, intermédiaire. Objectif, étranger à toute « interprétation », son ensemble n'a qu'un but : exalter le contrepoint. Hormis Bach, qui aura fait de la science contrapuntique un art si complet ? Le groupe lit un texte qu'il adore. Rien de moins, rien de plus. Le mystère de la Fantazia IX en la mineur, la profusion de la Fantazia V en si bémol, tout émerveille. A ce jeu, la plupart des accidents - modulations tragiques dans la Fantazia IV , marche funèbre dans la VI - passent inaperçus. Si bien que la polyphonie menace quelquefois de céder à la monotonie. Il n'en reste pas moins que, servi avec la foi du charbonnier, le recueil voit toujours aussi loin - aussi haut.
Quelques notes à l'usage du collectionneur. D'abord, publié huit ans après l'enregistrement, l'album s'en tient aux fantaisies à trois et quatre voix de 1680, écartant les deux In nomine et surtout la prodigieuse Fantazia upon one note en fa majeur qu'il faudra chercher ailleurs. Ensuite, l'ordre adopté suit à peu près celui de la composition en disséminant les pièces « à trois » parmi les quatuors (un violon, deux altos, un violoncelle). Enfin et par conséquent, John Holloway préfère aux antiques violes son propre instrument, le violon, comme le Lon-don Baroque il y a quarante ans ou, plus près de nous, Musica Amphion et Les Basses Réunies, alternatives recommandables et plus « complètes ». Choix légitime, naturellement.
|
|
