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Outil de traduction |
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Analyste: Anne Ibos-Augé
Au rayon des tentatives de psychédélisation de cette pauvre Hildegard von Bingen, voici un « oratorio électro-médiéval » d'après l'Ordo Virtutum. Cette « relecture » attribuant à une seule voix tous les rôles, y compris les chœurs des vertus (ceux des patriarches passent à la trappe), ose vanter le respect des « monodies » et des « textes originaux ». Que nenni ! Les monodies sont parfois munies de (très vilains) déchants : l'échantillonnage permet tout, à moins que ce miracle ne soit à mettre au compte de la sainte qui n'a, rappelons-le, jamais composé en polyphonie. Pire, les mélodies sont quelquefois transposées (Paciencia, Ego sum columpna), niant le choix originel de deux modalités distinctes (dorienne et phrygienne), chacune dévolue à des personnages spécifiques. Quant aux textes, très largement charcutés et piochés au hasard, ils réécrivent un déroulement à mille lieues de la succession des quatre « scènes » constitutives du drame.
De celui-ci, que reste-t-il ? Une exécution au sens propre, où le latin est dénué de toute accentuation (même de celle proposée naturellement par les neumes, ici nullement différenciés). La voix de Romain Dayez hésite entre emphase romantique et blancheur désincarnée. La seule théâtralité provient d'effets convenus (notes enflées ou répétées, écho, inévitables cloches) tandis qu'un halo sonore new age et une réverbération outrancière tentent maladroitement de gommer les imperfections vocales et instrumentales - oui, justesse et précision manquent trop souvent à l'appel. Une « expérience de transcendance » dont on se passera.
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