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Analyste:
Loïc Chahine Thésée avant le Minotaure, Médée après Jason : tel est le sujet du livret que Quinault fournit à Lully pour leur troisième tragédie en musique, créée en 1675. Thésée aime Eglé, mais lui est aimé par Médée et elle par le roi Egée.
Tout pourrait aller mal, et l'on passe à deux doigts de la catastrophe : la magicienne parvient à convaincre le souverain de se débarrasser de son rival… en qui Egée finit par reconnaître son propre fils. Il faut le secours de Minerve, protectrice d'Athènes où se déroule l'action, pour achever de mettre en déroute Médée.
Pour ce neuvième volume de sa « Collection Lully » chez Aparté, Christophe Rousset peut compter sur une équipe où s'épanouissent quelques personnalités. Telle Debo-rah Cachet en Eglé, princesse amoureuse et inquiète au timbre racé et à l'impeccable maîtrise stylistique. Karine Deshayes, rare dans le répertoire baroque, campe ici une Médée ambiguë, dont la couleur vocale laisse entrevoir la terrible puissance jusque dans l'expression amoureuse, parfaitement soignée. Elle excelle aux virages qui font passer la magicienne de la tendresse à la menace. Si le legato est son fort, on lui souhaiterait çà et là une attention plus soutenue au détail des mots. Toujours aussi admirablement engagé, Mathias Vidal se tire avec les honneurs du rôle peu flatteur de Thésée - le héros n'a même pas un monologue ! Philippe Estèphe manque un rien d'assise et d'ampleur pour camper un roi vraiment crédible. Autour, les seconds rôles sont très bien tenus.
Comme à l'accoutumée, le chef cisèle l'accompagnement des récits, même s'il pourrait parfois ménager plus d'espace aux caractères pour laisser percer les sous-entendus de leur discours (par exemple acte II, scène 8).
Le Chœur de chambre de Namur articule bien, il est particulièrement excellent au dernier acte. Et des Talens Lyriques en belle forme s'emparent des danses (jouées avec continuo) sans véritable faute de goût. On voudrait quelquefois un peu plus d'imagination, de dramaturgie. Une étincelle, la vie du théâtre : telles sont les vertus qui font défaut à cet enregistrement très honnête qui s'impose, en l'état de la discographie, devant la version bostonienne (CPO, 2007, cf. no 550 ).
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