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Analyste:
Philippe Ramin Les Ambassadeurs ~ La Grande Écurie et Alexis Kossenko offrent aux musiques festives des Rois de France le luxe d’une interprétation sur grand effectif. À l’instar de la magnificence ostentatoire des palais, écrins offerts aux matériaux précieux et aux œuvres d’art, la musique représente un signe de puissance politique pour toutes les cours européennes du xviiie siècle.Inconscient des bouleversements à venir, Versailles multiplie les bals et les festins à l’occasion de mariages princiers, et charge Francoeur, alors surintendant de la Musique de la Chambre du roi, de concocter un programme d’apparat pour un ensemble instrumental important. L’habile musicien organise quatre grandes suites autour de gloires du passé et d’auteurs à la mode, en modernise l’harmonie et l’orchestration. Ce recueil est donc à la fois un témoignage de première importance sur le goût musical d’une époque et exprime une résistance délibérée envers la mode italienne. Exécuté lors des noces du comte d’Artois en 1773, le concert comptait soixante-dix-huit musiciens, effectif que le chef Alexis Kossenko a pratiquement atteint pour cet enregistrement. Quelques auteurs, dont la musique est loin d’être anecdotique, en profitent pour sortir de l’oubli : les syncopes et l’emploi harmonique des bassons évoquent le meilleur Rameau dans le spectaculaire Air vif de Berton, la très inspirée chaconne de Bury annonce les procédés symphonistes à venir. Alexis Kossenko donne à celle de Royer une force et des couleurs saisissantes, un espace rythmique convaincant dans les sections dévolues aux trompettes et aux timbales. En marge de la découverte de pages inédites ou peu représentées au disque, quelques remaniements se révèlent passionnants, comme le second tambourin de Dardanus de Rameau qui fait valoir la virtuosité épatante d’un orchestre chauffé à blanc. Alexis Kossenko semble avoir établi une communication épanouie avec Les Ambassadeurs ~ La Grande Écurie, belle formation dont il magnifie autant l’ampleur que la délicatesse. À l’opposé des pratiques de tant de jeunes ensembles baroques, les tempos tiennent compte des textures et des modes de jeux de chaque pupitre, la virtuosité est spectaculaire mais ne sacrifie en rien la densité des timbres, point important lorsqu’il s’agit de défendre des pages un peu communes comme ce rondeau gracieux de Ferrand : traité avec raffinement il devient une page éminemment expressive et charmante. Une réalisation superbe qui jette une lumière passionnante sur un répertoire de transition. |
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