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Analyste: Denis Morrier
Le cornettiste Bruce Dickey s'intéresse aux traces musicales laissées par la peste de 1575-1577, qui décima un bon quart de la population vénitienne. Il a ainsi réuni des motets pénitentiels dont le texte ou la destination liturgique auraient un lien avec les cérémonies ayant accompagné le vœu solennel de construction puis la dédicace de la Chiesa del Redentore.
Cette église votive, édifiée à partir de 1577 par Palladio sur l'île de la Giudecca et achevée en 1592, devint aussitôt le siège de somptueuses cérémonies - comme la Festa del Redentore, toujours célébrée chaque mois de juillet, avec processions et feux d'artifice.
Dickey puise pour l'essentiel dans les recueils bien connus de 1583 et 1587, mêlant les compositions des Gabrieli, oncle et neveu. Son Concerto Palatino livre de ces motets polyphoniques des interprétations magistrales (perfection de l'intonation, transparence du contrepoint) : au gré des pièces, le cornettiste est rejoint par six chanteurs, un orgue, cinq trombones et un violon, qui offrent une agréable diversité de colorations et de textures.
Jetant un pont vers notre époque, Dickey associe ces joyaux renaissants à From Darkness into Light de Robert Kyr (né en 1952). Cette fresque de 2022 met en parallèle les ravages de la peste et du Co-vid, en juxtaposant des citations retravaillées de motets latins avec de brefs épisodes intensément lyriques, en anglais, confiés à une soprano solo (ici Hana Blazikova). Cette œuvre au charme hybride et pénétrant, à la fois dense et obsédante, s'harmonise idéalement avec le somptueux programme qui lui sert d'écrin.
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