Francesco Corti part sur les traces de Frescobaldi éclairé
par l’esprit d’innovation du début du xviie siècle.
En nous invitant au voyage, Francesco Corti en évoque plusieurs aspects : la
circulation des manuscrits à travers l’Europe, les éditions qui mettront en
lumière un compositeur loin de sa patrie d’origine et les pérégrinations du
musicien dont la carrière est soumise aux faveurs d’une cour. Après des
expériences diverses à Ferrrare, Mantoue et Florence, Frescobaldi est nommé en
1608 organiste de la basilique Saint-Pierre de Rome où il confirme une
réputation éclatante de maître des claviers. Les préfaces de ses éditions
attestent une conscience certaine de sa propre valeur et soulignent les
innovations expressives et techniques. On y trouve des solutions d’exécution
parfois éclairantes ou singulièrement confuses comme le rappelle Francesco
Corti.
Dans ce très riche programme, dont certaines pièces ne sont disponibles qu’en
version dématérialisée, le claveciniste inscrit des œuvres de compositeurs de la
génération précédant Frescobaldi ainsi que des contemporains très rarement joués
comme Scipione Stella ou Francesco Lambardi, soulignant ainsi la synthèse qu’a
su opérer le maître de Ferrare, notamment dans le domaine de la variation. Le
thème de La Romanesca de Stella est peut-être encore plus audacieux et raffiné
que celui de Frescobaldi mais les variations sont loin d’égaler l’ambition de ce
dernier. Parmi ces compositeurs méridionaux, Corti accorde une large part au
fantasque Giovanni de Macque dont les foucades conviennent au jeu direct et
inspiré du claveciniste. Écoutons la coda délirante qui conclut l’audacieux
Capriccio sopra re-fa-mi-sol où le jeu est flamboyant, d’une séduction
irrésistible. Face à une telle fantaisie la langue de Frescobaldi pourrait
paraître presque fade mais Corti sait débusquer l’humour derrière le contrepoint
savant. Il livre ainsi une vision très extravertie de la Toccata Nona commentée
par Fresco[1]baldi lui-même : «On arrive à la
fin non sans fatigue…». L’organisation structurelle de la pièce entière, les
polyrythmies finales d’une précision diabolique forcent l’ad[1]miration.
D’une manière générale Corti transmet formidablement l’énergie des caractères et
dessine une ornementation souple et sauvage; là encore pas de simples
subdivisions rythmiques mais des traits affûtés dans un tactus souple. En marge
des pièces inédites, deux pièces emblématiques ont ici trouvé leur version de
référence, les Cento partite et la Ciaccona de Bernardo Storace. Le claveciniste
cerne à la fois la grande forme et son détail et impose l’attention à son
auditeur. Le souffle de l’improvisation sublime les instruments italiens de
Philippe Humeau dans ce projet très abouti.
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