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Analyste:
Frédéric Degroote Frescobaldi est né à Ferrare, où il officie ainsi qu'à Rome. Mais dans cette Italie morcelée, les musiciens voyagent, de sorte que s'instaure un dialogue avec les compositeurs actifs dans le Sud de la Péninsule. Les partite (variations), par exemple, présentent des points communs avec le répertoire napolitain. C'est pourquoi Francesco Corti a choisi de mettre en miroir « Frescobaldi et le Sud ». Puisant dans tout son œuvre, le claveciniste ouvre le programme avec une luxuriante Toccata Ia tirée du Premier Livre (1615), feu d'artifice où le sens affûté de l'agogique sert un discours limpide. Le contrepoint hérité de la Renaissance côtoie la rhétorique de la seconda prattica , le clavier allie théâtre des affetti madrigalesques et vélocité instrumentale. Cette apparente liberté s'appuie sur une véritable dissection de la partition où l'architecture triomphe et où la puissance du geste exacerbe les polyphonies ; en témoignent les suspensions du Capriccio IX° di durezze ou des Consonanze stravaganti de Giovanni De Macque ( ca 1550-1614), jouant sur les résonances de deux magnifiques clavecins italiens signés Philippe Humeau.
S'il est un virtuose plein de caractère comme dans le somptueux Capriccio sopra la Battaglia , Corti se fait aussi poète grâce à un toucher solaire. Ce dernier excelle dans la Prima Gagliarda de De Macque, miniature enregistrée deux fois, sa transposition une octave plus haut lui donnant une couleur singulière. Les pages de compositeurs moins connus apportent leur lot de splendides découvertes : écoutez les enharmonies stupéfiantes qui font le prix de la Canzon francese de Giovanni Salvatore ( ca 16 0 0-ca 1688) ou l'inventivité sans fin que recèle la Toccata de Francesco Lambardo (1587-1642).
Corti traite les Cento partite comme un condensé des moyens mis en œuvre : construction admirable, rubato idoine, maestria et profondeur infinie. Voilà un disque d'une éloquence et d'une fraîcheur sans cesse renouvelées, où le chant et l'ivresse ne sont jamais loin. |
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