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Loïc Chahine Quand Marais publie son Cinquième Livre (1725), il a soixante-neuf ans. « Trois ou quatre ans avant sa mort, affirme Titon du Tillet, il s'était retiré dans une maison rue de l'Oursine, faubourg Saint-Marceau, où il cultivait ses plantes et son jardin. » Rien pourtant de testamentaire dans cet ouvrage où les pièces descriptives -Gigue La Pagode, Amusements et autres Jeu du volant - ou galantes sont omniprésentes, à côté de pages plus graves, tels le Tableau de l'Opération de la taille ou le Tombeau pour Marais le cadet. Loin des fantaisies aventureuses du Quatrième Livre (1717), ce Cinquième est celui de la sagesse.
Celle-ci est aussi de mise dans l'interprétation de L'Achéron. Les principes à l'œuvre dans les précédents volumes demeurent : chaque Suite est accompagnée son propre groupe de continuo ; ici, il est souvent un peu trop discret, laissant parfois à l'arrière-plan le relief harmonique. Joubert-Caillet possède toujours un archet sûr - écoutez seulement le Caprice en ré mineur (no 61 ) ! Cette maîtrise profite particulièrement aux gigues. Le violiste est partout très attentif au chant mentionné par Marais lui-même dans son Avertissement - le compositeur y précise que toutes les Suites commencent par des « pièces chantantes et faciles » - et se tient à distance des effets alla Jordi Savall. Point de silences appuyés dans le Tombeau pour Marais le cadet - ils sont de longueur très raisonnable, ce qui n'empêche pas une émotion pudique de se faire jour -, mais des doubles cordes implacablement tenues et une architecture tendue.
Cette sagesse pourra désarçonner ceux qui attendent des ambiances plus marquées, des couleurs plus vibrantes. La Géorgienne est ainsi plus méditative que barbare - option au demeurant très convaincante. Certaines pièces vives ou légères auraient gagné à davantage d'imagination, de fantaisie, telle la Saillie du Jardin. Le Petit Badinage est pris à un tempo très modéré, la Marche persane mise davantage sur la conduite que sur le pouvoir évocateur des basses, et nous n'avons pas bien saisi ce qui justifie le titre de l' Idée grotesque . D'autres pièces, comme La Simplicité paysanne , trouvent dans les demi-teintes un caractère inattendu et bienvenu. D'autres, encore, sont frappées par des fulgurances passagères - ainsi du Caprice Bellemont ou de La Bagatelle. Le Tableau de l'opération de la taille est idéalement suggestif.
Ce dernier volume signe une intégrale très recommandable et qui, par sa maîtrise et son classicisme, fera référence dans la discographie de Marais. L'aventure s'achève sur le Prélude en arpègement de la Suite en la mineur, joué à la viole seule : superbe et touchant point final. |
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