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Diapason # 725 (09/2023)
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Harmonia Mundi  HMM902717
 



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Analyste: Patrick Szersnovicz

 

L'homogénéité des timbres est-elle souhaitable pour jouer L'Art de la fugue ? En quatorze fugues et quatre canons, notés sur quatre portées séparées et autonomes, comme destinés à un ensemble indéfini d'instruments ou même de voix, Bach démontre le large éventail de possibilités contrapuntiques qu'offre un même thème. Les musicologues d'aujourd'hui privilégient le clavier (clavecin ou orgue) pour interpréter ce recueil, et il se trouve qu'à l'époque de sa gestation (1740-1750), le quatuor à cordes en tant que tel n'existait que sous la forme embryonnaire de divertimento a quattro. Mais ce choix s'avère en réalité proche de l'idéal : les quatre voix notées par Bach dans les registres de soprano, alto, ténor et basse, moyennant d'infimes ajustements de tessiture, s'adaptent exactement à la formation réunissant deux violons, alto et violoncelle. Après les Emerson jadis (DG) et tout récemment l'Ensemble Richter (Passacaille, cf. no 721 ), le Cuarteto Casals relève le défi avec une fantaisie, une musicalité, une intelligence supérieures. Nos musiciens ont développé depuis deux décennies un style personnel et raffiné, fait de sonorités incisives, d'angles vifs et d'arêtes pointues, d'un solide sens du rythme, de la continuité dramatique et de l'aération polyphonique.

 

Usant de cordes en boyau, évitant largement le vibrato, ils emploient des archets baroques leur permettant une articulation très subtile. Dès les cinq premiers Contrapuncti, d'apparence pourtant relativement simple et hiératique, et avant même que s'instaure ( Contrapunctus VII ) une complexité croissante dans le maniement et le jeu des voix, l'auditeur ressent une forte sensation de progression du discours et plus encore d'évolution et d'intensification de l'expression, ce qui est une forme d'exploit s'agissant d'un recueil de fugues !

 

Individualisant leurs timbres, constamment attentifs à varier caractères, rythmes et tempos, les interprètes tracent une trajectoire presque symphonique à travers l'œuvre. Le monument se referme sur le Contrapunctus XIV resté inachevé (que les Casals concluent sur un accord de ré majeur) puis le Choral BWV 668 « Vor deinen Thron tret'ich ». Mieux qu'un monument, un voyage fantastique, conjuguant fluidité et aspérités, fraîcheur et irrévérence, tension et émotion.



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