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Analyste:
Frédéric Degroote L'unique source connue de la partition, un manuscrit parfois lacunaire conservé à Vienne, a été traitée par I Gemelli avec à la fois le respect qui s'impose et une liberté savamment dosée. Emiliano Gonzalez Toro et Mathilde Etienne ont fait appel à Josué Melendez pour composer certains chœurs et la scène de Mercure aux enfers, interventions qui se fondent aisément dans l'impact théâtral.
Un effectif instrumental riche permet de colorer la partition, sans pour autant tomber dans l'empâtement sonore, et d'associer un double instrumental à chaque rôle (le basson pour Iro ou la sacqueboute pour Nettuno, par exemple).
Une trompette marine (instrument à archet doté d'une seule longue corde) construite pour cet enregistrement vient même symboliser la mer. Dans une discographie beaucoup plus clairsemée que celles de L'Orfeo ou du Couronnement de Poppée (songeons aux essais de Nikolaus Harnoncourt, René Jacobs, Claudio Cavina ou John Eliot Gardiner), on ne se rappelle pas une version aussi équilibrée, délivrée avec autant de tenue.
La distribution vocale réunie est homogène et investie. Emiliano Gonzalez Toro campe un Ulisse éloquent, aussi autoritaire que sensible grâce à un timbre rond et chaleureux, quand Rihab Chaieb incarne une Penelope retenue mais engagée, même si les frissons viennent à manquer dans son premier monologue.
Jérôme Varnier et Nicolas Brooymans impressionnent respectivement en Nettuno et Antinoo, et Zachary Wilder s'approprie Telemaco avec une classe folle. Son duo avec Ulisse à l'acte II est l'un des sommets de cette gravure. Minerva est servie par une Emöke Barath incandescente et Iro trouve en Fulvio Bettini toute la truculence attendue.
Dans le copieux livre qui accompagne les trois galettes, Mathilde Etienne (aussi convaincante en Melanto) décrit le contexte de création de l'œuvre en 1640 et analyse livret et partition avec brio, témoignant d'un important travail sous-jacent. L'ensemble fait sien chaque inflexion de la partition, chaque mot : progression dramatique, contrastes fulgurants, c'est ici tout le théâtre de la commedia dell'arte qui triomphe dans une gravure qui ne laisse jamais rien au hasard. |
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