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Diapason # 725 (09/2023)
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Analyste: Ivan A. Alexandre

 

Nommé en 1722 à l'Opéra de Hambourg, Georg Philip Telemann se fit un devoir d'y reprendre douze opéras de son ami lointain quoique fidèle Georg Friedrich Händel - devenu en 1727 George Frideric Handel -, certains mieux reçus chez lui qu'au bord de la Tamise. C'est le cas de Poro, applaudi vingt-quatre fois à Londres entre 1731 et 1737 contre vingt-sept à Hambourg sous le nom de Cleofida. Titre aujourd'hui éclipsé par Alcina ou Giulio Cesare, fêté à leur égal et davantage il y a trois siècles. Non sans raison. Si la plume régulière de Métastase n'est pas le théâtre intime de Handel, Poro l'inspire. Après un acte d'exposition plus utile qu'habité, la musique vole de cime en cime. L'acte II ne souffre aucun air accessoire : après un duo en fa dièse mineur aussi bref qu'entêtant, on y collectionne les merveilles dans tous les genres et pour tous les rôles. Entre la musette sinueuse d'Erixena et le ground purcellien de Cleofida (« Spirto amato », saisissant), l'acte III ne fléchit pas. Même dans cette version bilingue (usage hambour-geois) qui conserve les arias italiennes mais change les sinfonie et tous les récitatifs, recomposés en allemand par Telemann lui-même. Autres modifications d'importance : Erixena s'élève de contralto à soprano, et surtout Poro, destiné à Londres au castrat Senesino, descend d'une octave pour finir baryton, preuve que cette fâcheuse coutume n'a pas attendu le XXe siècle.

 

L'histoire ? Au IVe siècle avant notre ère, le roi indien Porus et son épouse la reine Cléophis se déchirent jusqu'à ce que la clémence de leur ennemi Alexandre rende à Porus sa couronne, aux Indes la paix et au couple l'amour. Alexandre le Grand donnait d'ailleurs son nom au livret de Métastase : Alessandro nell'Indie. Hélas ! le mal nommé Colorado n'a que pâleur à lui offrir, et son ténor tremblant laisse l'orchestre incarner seul l'action, y compris dans des airs aussi appassionati que « D'un barbaro scortese » ou « Serbati a grand 'imprese ». Guère plus d'éclat autour de lui. Florian Götz a la bravoure de Poro mais ni sa langue, du moins dans les arias, ni son intonation -terrible ! Suzanne Jerosme force sa nature en reine altière qu'elle prive de toute épaisseur. La princesse Erixena devient soubrette, son amant Gandarte benêt somnambule, le général Timagene une bûche. Plateau courageux débordé par la longueur des récitatifs et le tourment des passions.

 

Dommage ! car cette Cleofida ruisselle de joyaux, mais aussi parce que, même réduit (les hautbois couvrent souvent les cordes), le Gusto Barocco de Stuttgart maîtrise sa partie dans tous les registres, et Jörg Halubek l'anime en fin connaisseur. Grâce à eux la partition existe. Sans vraie voix, sans vrai théâtre, pleine à ras bord de vraie musique.

 

 



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