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Analyste:
Denis Morrier C'est en 1738, trois ans après son retour de Londres où il fut le rival malheureux de Handel, que Porpora composa à Rome, pour le Teatro delle Dame et sa troupe exclusivement masculine, ce Carlo il Calvo. Force est de constater que ce quarantième (!) opéra ne se distingue en rien par son originalité : il déroule vingt-sept arie da capo (et un unique duo), dont la répartition hiérarchique suit les préceptes de Goldoni - « Les premiers sujets doivent chanter cinq airs, les seconds trois […] et les derniers se contenter de deux. » Ces démonstrations de virtuosité et d'ornementation sacrifient tout à l'expression mélodique, formulaire et stéréotypée. L'harmonie est convenue, l'orchestration d'une rare pauvreté, les violons doublant systématiquement le chant. Bref, rien ne transparaît d'une quelconque théâtralité dans ce dramma narrant l'accession au trône du petit-fils de Charlemagne (rôle muet), contrariée par les complots croisés de deux clans rivaux, finalement réconciliés par sa mère (Giuditta).
Reste un plateau de premier ordre, d'une grande homogénéité technique. Les fans de Franco Fagioli (époustouflants « Saggio nocchier che vede turbine » ou « Spesso di nubi cinto ») et de Max Emanuel Cencic (délicieux « Quando s'oscura il cielo ») savoureront leurs duels de roulades, traits virtuoses et suraigus. Le rôle exigeant de Gildippe (véritable prima donna de la partition) a été confié à Julia Lezhneva, soprano colorature à l'agilité stupéfiante (« Sento, che in sen turbato »). Ses trilles plus proches du gloussement que du tremblement (« Se nell amico mio ») semblent contaminer Fagioli et gâchent quelque peu leur duo élégiaque de l'acte III). La Giuditta de Suzanne Jerosme charme autant qu'elle impressionne (tempétueux « Tu m'ingannasti »). Parmi les seconds rôles, distinguons l'épatant Bruno De Sa (stratosphérique « Per voi sul campo armato », un des rares airs colorés de cors et de hautbois concertants) et le charme de la mezzo Nian Wang (« Pender da'cenni tuoi »).
Orchestre incisif, Armonia Atenea est dirigé avec conviction et énergie par George Petrou. Le reflet sonore de cette production créée en 2020 au Festival d'opéra baroque de Bayreuth (dans une mise en scène chatoyante de Cencic) comblera les amateurs d'opera seria du baroque tardif, à défaut de séduire toutes les oreilles.
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