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A. Alexandre Le monde s'arrête. À l'automne 2021, pas encore guérie du premier confinement, l'Europe en attrape un second. Moment « plus que mélancolique », écrivent les interprètes d'un disque voué à la melancholy élisabéthaine. Flow my tears, In Darkness let me dwell : quelle plainte pouvait mieux répondre à l'esprit du temps que celle de « Dowland semper dolens » ?
Dowland ne vient pas seul : son contemporain John Danyel verse lui aussi de douces larmes dans une élégie en trois poèmes à la mémoire d'un époux disparu. Thomas Ford et Thomas Campion ouvrent un moment la fenêtre, quand arrive Purcell qui, à l'autre bout du siècle, murmure les regrets d'O Solitude et de l'hymne vespérale Now that the Sun hath veiled the Light, terme du voyage.
Alexander Chance sait tout cela depuis les langes : son père Michael en faisait son pain quotidien. Vous reconnaîtrez d'ailleurs sans effort ce timbre à la fois dense et abstrait, ce médium bien posé (mais aussi cet aigu noué), cette élocution sans affect quoique précise et juste. Il est peut-être trop tôt pour savoir si le fils connaîtra la renommée du père. Ange lymphatique, le jeune alto ne fuit pas seulement le relief et l'expression. Il demeure prisonnier d'un système supposément « baroque » : le son attaqué fixe et blanc puis soutenu en vibrant. Pas un sanglot, pas un sourire, à peine une nuance. La longue cantilène d'un beau musicien pas encore dégagé du cocon académique.
À l'unisson, le luthiste Toby Carr prélude et accompagne avec un tact parfait. Lui aussi refuse toute opposition entre Down vain lights et Glory there the sun outshines . Mais la technique est sûre, le toucher délicat. Mode d'emploi : une mélodie ou deux, afin que mélancolie n'égale pas monotonie. |
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