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Classica # 254 (07/2023)
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Erato
 
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Analyste: Olivier Rouvière

Après avoir gagné ses galons de baritenor (dans le disque portant ce titre mais aussi «Amici et rivali» ou de stupéfiantes Nuits d’été, Erato), Michael Spyres se pique d’incarner un ténor émule des castrats, repoussant « les limites de la voix pour atteindre une extension surhumaine de trois octaves » (jusqu’au contre-fa). Concernant la chronologie, le répertoire abordé ici reste restreint: il couvre moins d’un siècle, de 1682 à 1778, à travers dix airs en italien et quatre en français – langues que l’Américain s’approprie avec un parfait naturel.

Dans notre idiome, Spyres se confronte à Rockwell Blake (« Airs d’opéras français», EMI, 1994) en optant pour Persée de Lully, Orphéede Gluck et Roland de Piccinni. Mais, du premier, il écarte la berceuse de Mercure et, du troisième, le non moins périlleux «L’Espoir renaît», au profit de pages plus sages. Le duel n’a donc lieu qu’à travers l’air de Médor, où le nouveau venu n’affiche pas la précision surnaturelle de l’ancien mais déploie une émission plus épanouie… et une héroïque cadence. Pourtant, le placement haut des rôles de haute-contre l’amène à un allégement du son que l’on peut trouver artificiel (Lully).

On le préfère dans les plus anciennes pages italiennes où s’imposent son timbre chaud, son bas-médium charnu: l’«Empio per farti guerra» de Bajazet est superlatif (et quel récit !), les airs de Vinci, Porpora et Sarro se voient transfigurés par rapport aux approximations entendues jusqu’alors. La cadence en falsetto d’Antigono (Mazzoni), déjà présente dans l’intégrale Dynamic, laisse plus dubitatif, comme un «Se di lauri» de Mitridate un peu crispé. Ce dernier extrait révèle aussi les limites de l’accompagnement d’Il Pomo d’Oro, virevoltant, sensible, attentif ailleurs – plus fade dans Mozart. Au cœur du disque, trois inédits dus à Galuppi, Hasse et, surtout, Latilla, où Spyres affronte avec panache contre-ré, sauts d’octaves et notes piquées, sans déperdition de couleur ni de ligne. Triomphale démonstration. Mais, décidément, on le préfère en réincarnation de Borosini chez Haendel...


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