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Diapason # 722 (05/2023)
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Analyste: Jean-Philippe Grosperrin

 

Qu'on se rassure : hormis l'Artaban de Vivaldi, créé par le castrat Perugino et annexé ici, Michael Spyres n'a pas abjuré la cause du baryténor, qui nous avait valu un voyage enthousiasmant de Mozart à Ravel (« Baryténor », Diapason d'or, cf. no 704).

Le titre étrange du nouvel album (gravé lui aussi en 2020) cache une exploration, en amont de Mozart cette fois, d'airs sérieux pour ténor dans une Europe où s'illustrèrent Amorevoli ou Babbi pour l'opéra italien, Jélyotte puis Legros à Paris.

L'air (marginal) du Persée de Lully reste exotique, l'ariette qui clôt Naïs de Rameau, malgré l'union du velours et de l'éclat, cherche un peu la manière et l'ornement. Mais que de beautés dans Gluck (Orphée) et Piccinni (Roland) ! Poignant sans alanguir le tempo, « J'ai perdu mon Eurydice » recueille l'héritage de Gedda, avec plus de chair, de plénitude dans la nuance. L'air virtuose de Médor, délié mais assis, respire une grâce noble et un panache tels qu'il occulte Rockwell Blake, lequel offrait une vocalisation plus articulée.

Vétilles : Michael Spyres préfère la fluidité des vocalises à un dessin plus nerveux, et le trille semble parfois passe-partout.

Voilà du moins un ténor qui embrasse l'opera seria comme nul autre, capable de voluptés incessantes sans leur sacrifier le caractère ni l'imagination expressive, admirablement accompagné par Francesco Corti, rigoureux autant qu'élégant, sans une gesticulation pseudo-baroque.

Autant que le soutien de la phrase (Hasse), le génie des couleurs est la clef de ce chant, de ce verbe. La voix sonne magnifiquement dans le bas (Vivaldi), que Spyres a l'intelligence de solliciter aussi pour varier les reprises.

Le timbre, la tenue font penser à Ernesto Palacio, mais avec un faste personnel, enveloppant les intervalles spectaculaires (l'air de Mazzoni stupéfie jusqu'à une cadence vertigineuse) par une manière inimitable, dont témoignent l'autorité, jamais forcée, du Cosroès de Latilla ou les huit minutes filées de l'Ulysse de Sarro : trois révélations.

L'interprète écrase enfin la concurrence pour deux héros déchus. Du Bajazet de Handel (Tamerlano), il possède tout, fierté, ombres, aura, œil perçant. Et son entrée dans le Mitridate de Mozart surpasse encore l'intégrale avec Minkowski : pas de da capo suspendu piano , mais la liberté souveraine du phrasé, des dynamiques, d'une ornementation qui approfondit la figure en mêlant majesté, amertume, ardeur couvant sous la blessure. Royal !



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