Texte paru dans: / Appeared in: |
|
 |
Outil de traduction |
|
Analyste:
Anne Ibos-Augé Fidèle à sa réputation de chercheur infatigable, Paul Van Nevel se penche sur Ludwig Daser, compositeur méconnu, éclipsé par son probable maître Ludwig Senfl puis par son successeur à la Hofkapelle de Munich, Roland de Lassus. Deux messes illustrent la première période (bavaroise) de Daser. La Missa Preter rerum seriem invite l'hymne mariale homonyme et des fragments du motet à six voix de Josquin. Très dense, elle joue sur la diversité de combinaisons, à deux (« Crucifixus » du Credo ), trois (« Domine Deus »), et quatre voix (« Pleni sunt celi et terræ », « Benedictus » du Sanctus , particulièrement recueilli). Plus sombre, malgré quelques éclairages « majeurs » ( Sanctus ) est la Missa Fors seulement , à quatre parties, bâtie à partir d'une chanson anonyme alors très en vogue. L'austérité du Kyrie est renforcée par l'alternance des invocations polyphoniques et de la monodie de plain-chant du Cunctipotens.
De cet enchevêtrement foisonnant de lignes saillent quelques rares ruptures. À un « Et incarnatus est » quasi immobile, pianissimo, de la messe à six voix, au recueillement des « Benedictus » et des Agnus aux magnifiques lignes étirées s'opposent les accélérations des « Osanna » des deux Sanctus , hélas un peu martelés. Les mélismes sont rares (« Gloriam tuam », « Amen » finissant le Gloria) comme les figuralismes (« et ascendit » du Credo sur saut disjoint de dixième ; « descendit de celis » en extinction graduelle, « non erit finis » progressant par paliers successifs).
Les richesses coloristes de Lassus ne sont encore qu'esquissées chez ce « premier » Daser dont on retiendra surtout la densité d'écriture, investie par un ensemble à la vocalité quelque peu hétérogène - et à la prononciation mal unifiée - malgré une belle pâte sonore. |
|
