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Analyste:
Frédéric Degroote Enregistrer l'intégralité des messes et Magnificat de Morales : nouveau défi de l'ensemble vocal masculin De Profundis, fondé en 2011 et basé à Cambridge. Le premier des douze volumes annoncés se penche sur deux œuvres de jeunesse, la célèbre messe à six voix sur la chanson de Josquin Mille regretz et la messe à quatre voix sur une chanson populaire espagnole Desilde al cavallero. Morales est, dans cette décennie 1530, employé par le chœur de la chapelle papale au Vatican, où il restera jusqu'en 1544, année marquée par la publication de son Missarum liber primus. Sa Missa Mille regretz fut sans doute conçue en l'honneur de Charles Quint : l'empereur aimait cette chanson et Morales inscrivit les armoiries du souverain dans la lettrine initiale du Kyrie. Et quelle messe ! Achevée dès les années 1535-1537, elle est réécrite pour les parties de Sanctus et Agnus Dei dans l'édition de 1544. Les deux versions, ici enregistrées, témoignent de l'invention inépuisable du compositeur, combinant le motif de la chanson à toutes les techniques contrapuntiques imaginables - comparez les Sanctus et Osanna de 1544 et ceux de 1535-1537 ! Ni le compositeur ni l'ensemble De Profundis ne nous lassent une seule seconde. La masse chorale cisèle cette luxueuse polyphonie avec autant d'engagement que de relief, la vingtaine de chanteurs anglais charpentant avec lisibilité et rondeur la conduite des phrasés, dans un épanouissement sonore qui dépasse de loin le Gabrieli Consort de McCreesh (Archiv, 1996) et les airs contrits du Hilliard Ensemble (Almaviva, 1997). La netteté de la direction est plus patente encore dans l'écriture ramassée du Magnificat primi toni et de la Missa Desilde al cavallero, puisée dans un manuscrit milanais et ici accompagnée à l'orgue - les Kyrie et Benedictus illustrent à merveille l'apparente simplicité de cette messe à cantus firmus. L'aventure débute sous les plus beaux auspices ! |
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