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Classica # 251 (04/2023)
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Analyste: GÉRARD BELVIRE
 

Monument de certitude pour James Ehnes, doute créateur pour David Grimal... Les deux versions des Sonates et Partitas pour violon seul de ces princes de l’archet ont éclos dans le silence du recueillement afin d’atteindre le noyau irréductible de l’œuvre.


Que le lecteur dubitatif face à deux CHOCS simultanés se rassure : on ne prétend pas que ces nouvelles réalisations surpassent toutes celles qui les ont précédées, mais au-delà de leur réussite, la personnalité même de leurs interprètes nous semble marquer un jalon dans la discographie. Le jeu violonistique a considérablement évolué depuis la lecture princeps de Menuhin en 1934-1936, pas seulement en lien avec le regard neuf porté sur Bach par les tenants d’une esthétique historiquement informée. Cependant l’affluence du courant « baroqueux », dans le grand fleuve où naviguaient les Milstein, Szeryng, Grumiaux et autres Suk, semble avoir séduit de nombreux instrumentistes d’obédience
« moderne » qui adoptent désormais certains codes de l’école historique en livrant des lectures très convaincantes (Faust, Tetzlaff, Hadelich, Zimmermann...) ou un peu moins (Zehetmair, Carmignola, Papavrami, Kavakos...). James Ehnes comme David Grimal se situent ici... et ailleurs.


ÉVIDENCE ET JUSTESSE


Héritier assumé de la grande tradition mais loin de réciter son Bach comme un bréviaire, le premier allie à la perfection technique un ton princier qui rappelle celui de Heifetz, sans les errements stylistiques. Alors que son enregistrement de 1999-2000 (Analekta) avait déjà marqué son époque, le violoniste canadien a profité du repos forcé induit par le Covid pour enregistrer cette seconde version à son domicile en assumant lui-même les rôles de directeur artistique et d’ingénieur du son. Le résultat est saisissant.

 

Exempt de sensualité facile ou de recueillement factice, ce jeu qui refuse d’aborder sous un angle rhétorique des partitions nées voilà trois siècles suggère l’évidence. La simplicité de la déclamation, la justesse absolue de l’intonation et la souple agilité de l’archet entretiennent un souffle cinétique qui semble atteindre le noyau irréductible de cette musique. Probablement toujours sur son Stradivarius de 1715 (la notice n’en dit rien), Ehnes impose des tempos légèrement plus vifs que naguère, des nuances expressives mieux suggérées (comme ce voile imperceptible qui passe sur la Sarabande de la Partita en ré mineu!, avec une lisibilité (Fugue de la Sonate en sol mineur !) et un timbre doré servis par une meilleure prise de son.

 

DES MOTS S’ÉCHAPPANT DU CŒUR

Face à ce monument de certitude, Grimal personnifie le doute créateur. Après ses lectures de 1999 (Transart) et de 2008 (Ambroisie), moins achevées mais déjà passionnantes, l’artiste interroge le recueil pour la troisième fois en avouant que plus celui-ci lui devient familier, plus il peine à en embrasser toutes les dimensions. Qu’a-t-il découvert en revenant à la source de la partition autographe de Bach, en montant cette fois son Stradivarius de 1710 avec des cordes en boyau pur caressées par un archet baroque, sans franchir toutefois le pas de l’abaissement du diapason ? Toujours est-il que dans la nudité du réfectoire des moines de l’abbaye de Royaumont le violoniste tisse avec le texte un dialogue mystérieux dont la sincérité ne sollicite jamais la musique pour faire valoir l’interprète. Phrasés, accents, ornements ne sont plus des outils plastiques ou dynamiques, mais plutôt des ponctuations discursives, des mots qui s’échappent du cœur (Tempo di borrea de la Partita en si mineur, Andante de la Sonate en la mineur ...). On n’oublie pourtant pas l’humilité de Kuijken, la fraîcheur de Podger, la spiritualité de Schmitt, la noblesse de Mullova, le sourire de Beyer ni l’autorité de Schayegh. Mais sous les doigts de Grimal, dans des sonorités de bois et de soie, chaque note surgit désormais comme une naissance, de telle sorte que, plus d’une fois, on a le sentiment de ne pas pouvoir deviner quelle sera la suivante.


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