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Analyste:
Denis Morrier Alessandro Scarlatti a composé plus de huit cents cantates, dont les trois quarts sont accompagnées par la seule basse continue. Destinées pour la plupart aux cénacles aristocratiques romains, elles forment un répertoire si riche que chaque nouvel enregistrement (après ceux de Nancy Argenta chez Emi, Cristina Miatello chez Tactus...) est gage de découverte. C'est le cas ici, avec quatre cantates inédites sur les cinq proposées. Lucile Richardot et Philippe Grisvard défendent avec brio des choix aussi pertinents qu'exigeants. La mezzo au timbre singulier et pénétrant (poignant Sento nel core), à la vocalisation finement ciselée dans toute sa tessiture (magistral " Temo d'innamorarmi "), soigne partout le mot. Nuances, tournures et intentions éloquentes viennent parer l'écriture savante de Scarlatti, qui touche à son sommet dans l'erratique Lezione di musica et l'audacieuse Là dove a Mergellina. Nos interprètes optent pour un accompagnement en solo, sans basse d'archet. Grisvard joue un magnifique clavecin italien (copie par Facchini d'un instrument du siècle), à la sonorité brillante et équilibrée dans toute son étendue. Ses réalisations de la basse continue séduisent par la profusion des idées thématiques et leur contrepoint élaboré. Ses contre-chants souvent virtuoses (" Il vario mio pensiero "), ses denses harmonies relevées d'accacciatures donnent même l'illusion d'avoir été écrits par Scarlatti, pour le seul clavecin. Quatre pièces (un Allegro à l'urgence dramatique saisissante, deux Toccatas contrastées et un Menuet ) se glissent entre les cantates pour tenir lieu d'interludes. Le tout illustre à merveille les propos de Sébastien de Brossard, qui considérait en 1725 que Scarlatti était non seulement un compositeur " du plus excellent moderne ", mais surtout le " musicien le plus accompli " de son temps.
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