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Analyste: Jean-Christophe Pucek
Amateur de musique, Henry VIII n'hésita pas à faire venir à sa cour des musiciens étrangers. De Venise, les Bassano y arrivèrent en 1539 ; un an après, six « joueurs d'instruments à cordes » italiens, d'origine juive séfarade, s'installèrent à Londres. Sous le sobriquet de Lupo, Ambrosio, son fils Joseph, son petit-fils Thomas firent carrière au service de la monarchie.
Ce dernier laisse une production remarquable, comprenant quelque quatre-vingts Fantaisies pour consort de violes, de trois à six parties. Variété et maîtrise du contrepoint y vont de pair avec une attention marquée pour la mélodie qui parvient toujours à se frayer un chemin y compris à travers l'écriture la plus dense ( Fantaisie no 5, par exemple).
Un agencement intelligent des pièces et la capacité de Fretwork à en habiter chaque mesure avec plénitude donnent à cette musique un charme, un intérêt sans cesse renouvelés. La sûreté d'archet indiscutable des cinq gambistes britanniques, la clarté polyphonique exemplaire de leur approche nourrissent un plaisir évident de jouer. Si elle exhale parfois la mélancolie attendue ( Fantaisie no 12 ), elle ne s'y limite pas, tant s'en faut : la Fantaisie no 2 est brillante, la no 10 conjugue allant et générosité, la no 15 revêt une allure pimpante.
Citons encore les effets sonores saisissants de la no 13 qui donnent l'impression d'écouter quelque sonate vénitienne avec cornet, et l'unique Pavane de cette anthologie, dont la nostalgie délicate chante avec noblesse. Fretwork peint ces humeurs changeantes d'une touche sobre, subtile, sensible surtout. Sans réel concurrent, malgré la belle monographie signée par The English Fantasy (ASV, 1996), ce disque intense mais délié constitue un magnifique hommage à une figure talentueuse de l'âge d'or du consort anglais. |
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