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Diapason # 720(03/2023)
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Analyste: Loïc Chahine

 

Depuis les concertos et sonates pour quatre violons des années 1710 jusqu'au Second Livre de duos publié en 1752, en passant par ceux inclus dans le périodique Der Getreue Music-Meister (1728-1729) Telemann a cultivé la forme sans basse, particulièrement appropriée au délassement des amateurs éclairés. Les deux Concerto pour quatre violons sans basse en sol et ré majeur font penser à Vivaldi par leur caractère pétillant, la manière dont des motifs brefs et attachants se répandent et tourbillonnent, sans que Telemann abdique pour autant sa propre personnalité.

 

Si le Grave flottant du TWV 40/203 a quelque chose de vénitien, son développement reste typiquement telemannien. Le Duetto I en sol majeur du Second Livre adopte un langage à mi-chemin entre les tournures françaises d'un Leclair ou d'un Corrette (rappelant que Telemann séjourna à Paris) et le style galant cultivé dans l'aire germanique. L'Allegro du Duetto II excelle à faire croire qu'il y a plus de deux instruments. La Sonata III des Canons mélodieux (1738) éblouit par son élan et son invention. Bref : que de bijoux !

 

A deux violons comme à quatre, les sonorités argentées du Sharp Band - émanation aiguë de l'ensemble Imaginarium - nous charment. Sans tomber dans le surjeu, l'interprétation fourmille d'inflexions diversifiées - articulations, « soupirs » d'archet, glissandos juste esquissés, sautillement maîtrisé, alla musetta, etc. -, de contrastes mis en valeur, de nuances étagées avec un art consommé. L'attention est perpétuellement piquée par de nouvelles ambiances, de nouveaux traits qui tiennent autant à l'écriture de Telemann qu'à la lecture riche qu'en livrent Enrico Onofri et ses comparses, attentifs au texte et au meilleur moyen de l'exalter. Partout règne une élégance souriante sans rien de compassé, une théâtralité bien ordonnée qui n'excède pas les bornes du bon goût.

 

On s'aventure, selon les propres mots d'Onofri, « dans un monde fluctuant, intense et néanmoins incertain, fait de plaisanteries, d'imitations, de duels amoureux galants et de poursuites planant au-dessus d'un vide senza basso ». Un enchantement continuellement renouvelé.



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