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Diapason # 720(03/2023)
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Analyste: Loïc Chahine

 

En son hôtel, rue Saint-Thomas-du-Louvre, Catherine de Vivonne, marquise de Rambouillet, tenait un salon fameux. Elle recevait en particulier dans la « chambre bleue » qui donne son titre à cette anthologie d'airs du second XVIIe siècle. Dans ce bastion de la préciosité littéraire, on chanta sans doute des pages de Michel Lambert (1610-1696) et Sébastien Le Camus (1610-1677), maîtres de l'« air sérieux » (qu'on appelle encore parfois aujourd'hui « air de cour »).

 

Deborah Cachet, dont c'est le premier album en solo, a de la séduction dans le timbre, autant de délicatesse que de netteté dans l'articulation du texte. Plus musicienne que rhétoricienne, la soprano soigne le phrasé, et sa vocalité droite s'accorde bien aux airs choisis. Tout cela est patent dès Amour, cruel amour de Le Camus, aux consonnes saillantes, aux notes sculptées. On apprécie les raffinements de Celle qui fait tout mon tourment de Charpentier, la dramaturgie châtiée d'Ombre de mon amant de Lambert.

 

« L'objectif principal » de ce genre musical, écrit Ignace Bossuyt dans la notice, « est de faire preuve de charme et d'élégance en évitant les émotions trop extrêmes. » De là, peut-être, une certaine monotonie. Il faut dire que la chanteuse n'est guère aidée par un théorbe qui, à force de douceur, fait presque tapisserie - il n'est pas interdit de varier l'emplacement où la corde est pincée pour colorer le discours. Malgré son titre, La Mascarade est jouée avec une pondération dénuée de toute théâtralité.

 

L'ensemble manque dès lors un peu de contrastes, le discours, soigné et très mesuré, étant presque toujours projeté haut et clair - écoutez les « hélas » d'On n'aime plus dans ces bocages -, quand un peu de confidence ici, là un jeu plus marqué avec les silences, un sourire plus franc quelquefois - chanter Sans frayeur dans ce bois sans second degré prive de son badinage cet air aux sous-entendus égrillards. Chez Le Camus, et sans tomber dans le moindre excès, Véronique Gens donnait davantage d'inflexions et d'intensité à Laissez durer la nuit, Jean-Paul Fouchécourt à Je passais de tranquilles jours (avec Pascal Monteilhet, Virgin). Ce florilège, qui vaut d'abord pour la beauté plastique du chant de Deborah Cachet, gagnera à être écouté par petits morceaux plutôt que d'une seule traite.



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