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Diapason # 721(04/2023)
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Analyste: Denis Morrier

 

Enième avatar de l'Orlando furioso du divin Arioste, cette « sérénade pour six voix et instruments » a pour principal titre de gloire d'avoir présidé aux débuts publics du castrat Farinelli, alors âgé de quinze ans. Composée à Naples en 1720 pour le prince Caracciolo, L'Angelica tient à la fois de l'opera seria (alternance d'arias da capo et de récitatifs) et de l'oratorio (construction en deux parties). Le livret de Métastase brouille la trame en greffant de nouveaux imbroglios et personnages (Tirsi, Licori, Titiro). La musique introduit de belles parties concertantes (flûtes, cors, hautbois) dans un discours orchestral profus (étonnante Ouverture « à la française ») mais académique.

 

Le Festival de Martina Franca n'offre à cette résurrection qu'un plateau inégal et terne. Entre un Orlando aux emportements convaincants (« Mi proverà spietato ») et un touchant Médor (« Bella diva dall'ombre amica »), l'Angélique d'Ekaterina Bakanova séduit mieux dans l'élégie (« Io dico dall'antro addio ») que dans ses fulminations approximatives (« Quel cauto nocchiero »).

 

Vocalises fastidieuses et trilles disgracieux, Barbara Massaro est bien fragile dans un rôle écrit pour Farinelli. Carrément désagréable, le vibrato de Gaia Petrone défigure le délicat « Ombre amene » aux délicieuses parties de flûtes. Et le Titiro de Sergio Foresti manque de graves, d'agilité et de justesse.

 

Ce n'est pas un orchestre inégal, dont les cordes malmènent souvent la justesse, qui sauvera du naufrage cette première au disque - Juan Bautista Otero n'avait enregistré qu'un arrangement, intitulé Orlando (K 617, 2005). Mettons aussi en garde les curieux contre le DVD publié en parallèle : la mise en scène minimale de Gianluca Falaschi n'arrange rien. On y voit seulement, pendant deux heures et demie, les personnages s'affairer autour d'une table de banquet, tandis que déambulent en arrière-plan des figurants, parfois travestis en drag queens, parfois chargées d'énigmatiques méduses et poissons.

 


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