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Diapason # 720(03/2023)
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CPO 555502-2



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Analyste: Jean-Philippe Grosperrin

 

Ou comment Boris Godounov finit par être couronné au terme d'une intrigue politico-amoureuse impliquant sa sœur, sa fille, deux princes étrangers et le boyard Féodor. Auteur érudit d'un des grands traités de la musique baroque ( Das neugeöffenete Orchestre, 1713), le Hambourgeois Mattheson participa à l'âge d'or de l'opéra dans sa ville natale. Faute de l'étonnante Cleopatra (170 4), voici, dans le sillage du Festival d'Innsbruck, Boris Goudenow, composé en 1710 mais qui dut attendre 2005 pour être joué.

 

La lecture du livret, reproduit ici sans traduction française mais d'abord sans didascalies, n'aide pas à suivre le drame et à surmonter l'impression d'un collage de scènes parfois abrupt. La partition a au moins de quoi séduire, moins par l'alternance d'airs en allemand et en italien que par les combinaisons des voix dans un même numéro - ainsi de la grande chaconne finale (merci Lully) ou du quatuor a cappella et en canon qui ouvre l'acte II.

 

Il faut malheureusement faire avec les faiblesses de la distribution. Honneur à la basse Sreten Mano-jlovic (timbré, soutenu, expressif) et à Flore Van Meerssche, dont le soprano allie clarté, liberté, éloquence et manière au fil d'airs variés (le dernier est particulièrement pénétrant). Si Alice Lackner se montre très musicale mais timide dans le verbe, Julie Goussot administre une voix astringente et sous pression, plus détendue au dernier acte. Chez les ténors, Eric Price est un peu juste, du moins meilleur qu'un Joan Folqué bien pâle.

 

Au rôle-titre, le baryton-basse Olivier Gourdy ne rend qu'à moitié justice par manque de chair, de projection, de mots également, de noblesse parfois. Alors, comme parfois dans Wagner, on écoute l'orchestre, dont la diligence, la flexibilité (sauf pour la Chaconne), l'éloquence même s'affirme dans la variété de l'écriture, assurant tout du long allure et tactus appropriés. Bravo à Andrea Marchiol et aux jeunes musiciens (en majorité italiens) de Theresia.


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