Comme il y a trente ans, à l’occasion de son
premier essai, la note d’intention de Savall nous fait miroiter une
interprétation idéale du Requiem… qu’on est bien en peine de reconnaître à
l’audition. Les solistes sont aussi peu passionnants que leurs prédécesseurs,
bien que d’un niveau plus homogène ; les effectifs renouvelés du Concert des
Nations exposent des coutures plus propres, mais vents et percussions dominent
les cordes ; on note quelques améliorations dans l’équilibre des pupitres et
l’articulation d’une Capella désormais « nationalisée », toujours sans la
souplesse de ses meilleurs concurrents. Enfin les tempos (très vifs) sont quasi
identiques. Une fois encore Savall a recours à des codes esthétiques qui
pourraient être ceux d’ouvrages composés un siècle plus tôt. Pourtant la
subjectivité expressive de Mozart en 1791 s’inscrit dans une évolution
historique de la sensibilité dont les meilleurs « traditionnalistes » (Davis II,
Marriner I…) ou « baroqueux » (Bernius, Koopman…) avaient su rendre compte. Ici,
dans une ambiance sonore sombre et réverbérée manquant d’étagement en
profondeur, les couleurs instrumentales séduisent, la puissance dramatique
impressionne, mais les phrasés un peu rigides et la scansion souvent mécanique
semblent river la musique au sol, à l’instar d’un Benedictus qui ne
regarde jamais vers le ciel.
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