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Analyste:
Denis Morrier Durante, que Rousseau tenait pour « le plus grand harmoniste d'Italie, c'est-à-dire du monde », est un singulier personnage. Il se détourna de l'opéra pour se consacrer exclusivement à la musique sacrée (oratorios, messes et motets), instrumentale (concertos, sonates et toccatas) et didactique. Pédagogue réputé, il forma la plupart des compositeurs « modernes » de l'école napolitaine, de Pergolèse à Piccinni, en passant par Traetta, Jommelli et Paisiello. Ses ouvrages et exercices (solfeggi, canoni et autres partimenti ), furent utilisés dans les conservatoires jusqu'à l'aube duXX e siècle, de sorte qu'il ne tomba jamais dans l'oubli. Ses Concerti per quartetto (c'est-à-dire pour quatre parties de cordes), aux riches contrepoints mêlés d'accents vivaldiens, ont souvent été enregistrés isolément (depuis les gravures pionnières d'I Musici, des Solisti Veneti et de La Follia) et déjà fait l'objet de deux intégrales : l'une mémorable, par Concerto Köln en 1992 (Capriccio/Phoenix), l'autre négligeable, par L'Ensemble Imaginaire en 2017 (Brilliant). Celle de l'Accademia dell'Annunciata retient sans peine l'attention. L'interprétation est à la fois nuancée et enthousiaste. Riccardo Doni imprime énergie, relief et surtout transparence à ces denses concertos où abondent fugues (troublant Ricercar del quarto tono du Concerto no 4 ), canons ( no 6 ) et autres subtils artifices d'écriture - qui ressurgissent dans la magnifique Sinfonia de Fiorenza. Le chef imprime également vitalité et théâtralité aux pages les plus imagées, telle la fameuse Folie du Concerto no 8 « La pazzia », aux évolutions cyclothymiques. Certes, les violons manquent parfois de cohésion et de précision dans la justesse ( Allegro du no 7 ). L'ensemble demeure néanmoins perpétuellement engagé et leurs propositions, souvent originales, toujours convaincantes.
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