Texte paru dans: / Appeared in:
*
 

Diapason # 719(02/2023)
Pour s'abonner / Subscription information


 

Passacaille
PAS1088
Harmonia Mundi
HMM90271213
Code barres / Barcode : 5425004840882 Code barres /Barcode: 3149020946244


 

 

Outil de traduction
Translator tool

Analyste: Jean-Christophe Pucek

 

Des Sonates du Rosaire, ce livre d'heures musical rassemblé par Biber à l'usage du prince-archevêque de Salzbourg, nous parviennent deux visions bien différentes, voire antithétiques.

D'un côté, l'épure. Mayumi Hirasaki livre une interprétation calligraphiée où prédomine un fort sentiment d'intériorité, en phase avec l'esprit de dévotion qui préside au cycle entier. L'Annonciation se lève telle une aurore, dans le bruissement d'une atmosphère murmurée, avec une délicatesse de touche qui perdure de sonate en sonate. La Découverte au Temple est magnifique de sérénité, L'Assomption, parcourue d'un souffle prenant. Privilégiant la retenue à l'expressionnisme, le Lamento qui ouvre Le Mont des oliviers expose à la fois les attraits de l'approche et ses limites : le jeu du violon reste stable y compris quand la scordatura le chahute mais, exception faite de l'usage judicieux du sul ponticello dans La Flagellation (pour symboliser la chair entaillée par les verges), les aspérités voulues par le compositeur sont trop estompées : la gravitas de la Sonata liminaire du Portement de croix devient étale, La Crucifixion manque de tragique, La Résurrection de jubilation. Le continuo est au diapason de cet artisanat humble mais éloquent, avec une mention particulière pour le brio de Christine Schornsheim aux claviers.

De l'autre, l'élan. Dès le Praeludium de L'Annonciation, Amandine Beyer donne le ton : il sera virtuose. L'archange n'arrive pas, il déboule. Pourquoi pas ? Supposer que Biber déployait un jeu marqué par la même urgence que celle affichée par la violoniste n'est pas sacrilège, et c'est bien dans les cinq Mystères douloureux le dramatisme de l'archet trouve le mieux à s'exprimer : la violence de La Flagellation est rendue avec la cruauté attendue, comme le dolorisme de La Crucifixion. Malgré l'intrusion de percussions superflues dans l'Aria Tubicinum, La Pentecôte, menée avec entrain, recèle quelques jolies trouvailles.

Mais fallait-il avaler à toute vitesse les notes de la Courante de La Nativité ? Certains traits de l'Adagio sont à la limite du dérapage. Les phrases de La Présentation conduisent au bord de l'asphyxie. Sans chant ni grâce, L'Assomption n'est que scansion agitée ; la Passacaille, aux sonorités parfois peu amènes, s'évapore sans laisser de trace.

Le continuo suit avec effervescence le tempo d'enfer imprimé par la soliste ; quelques rares accalmies autorisent même à profiter de ses élaborations. On peut, bien sûr, trouver ébouriffante cette version, une des plus rapides de la discographie, Goe-bel compris. Elle fait trop souvent l'effet d'un trajet sur autoroute où la vitesse ne permet jamais d'apprécier le paysage.

 


Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical ou de Europadisc
Livraison mondiale


 

Choose your country and currency
when reaching
Presto Classical or Europadisc
Worldwide delivery

Sélectionnez votre pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical ou de Europadisc
Livraison mondiale


 

Choose your country and currency
when reaching
Presto Classical or Europadisc
Worldwide delivery

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews