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Analyste: Jean-Christophe Pucek
Les Chandos Anthems appartiennent au versant le moins souvent exploré du catalogue handélien. Les trois que voici ont été composés en 1717, dans le sillage de la Water Music. Leur commanditaire, le richissime comte de Carnavon (il ne deviendra duc de Chandos qu'en 1719), disposait tout juste d'une dizaine de musiciens ; les effectifs de Marguerite Louise affichent le triple. Les œuvres y gagnent une majesté qui n'aurait sans doute pas déplu à celui qui vivait « comme un véritable prince ». Handel se livre, dans ces pages adaptées des psaumes, à l'un de ses jeux favoris : le réemploi. Le HWV 246 recycle le matériel du Jubilate d'Utrecht HWV 279 (1713), tandis que les HWV 249b et 251b sont des reprises amplifiées de deux antiennes destinées à la Chapel Royal. Le tout atteste la dextérité du Saxon à manier style italien (le furieux « The waves of the sea » du HWV 249b) ou fugue (« Serve the Lord » du HWV 246 ) et le coloriste nous ravit dans les passages concertants du HWV 251b. Alerte, généreux, l'orchestre se révèle bien plus séduisant que celui, acide, de Harry Christophers (Chandos, 1988-1989). The Sixteen pouvait certes se prévaloir de chanteurs britanniques, mais pas toujours aussi agiles que ceux de Gaétan Jarry. Le chœur sonne ample et lisible ; les solistes se montrent à la hauteur des exigences expressives, malgré un ténor en deçà en termes de brio comme de sensualité. Ponctuée par deux pièces d'orgue fort bien servies par le chef, cette réalisation menée avec enthousiasme et distinction mériterait une suite.
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