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Analyste: Jean-Christophe Pucek
Variété. Telemann fit de cette exigence un des fils conducteurs de son œuvre. Accessibilité aussi, puisqu'il ne négligea jamais de s'adresser aux amateurs. Ses douze Fantaisies pour violon seul (1735) répondent aux deux critères : composées de mouvements brefs, fugues sérieuses ou danses galantes, elles se gardent de la surenchère technique façon Sonates et Partitas de Bach, tout en offrant assez de matière (usage des doubles et triples cordes, par exemple) pour soutenir l'intérêt. Rachel Podger (Channel Classics, 2002, Diapason d'or) dominait jusqu'à présent la discographie sur violon baroque. Alina Ibragimova va plus loin encore dans l'animation du discours. Elle s'appuie sur un archet solide dont la souplesse rend justice aux moments les plus tendres (Dolce de la Fantaisie no 7) comme les plus volubiles (Spirituoso de la no 8). La conduite des épisodes fugués est exemplaire, sans sécheresse aucune ; l'esprit d'improvisation qui, souvent, préside aux mouvements initiaux, restitué avec une liberté que sa devancière ne trouvait pas à ce point. Surtout, Ibragimova bannit toute uniformité sans verser dans l'agitation ou la dispersion, et chaque Fantaisie frappe par la véracité de son caractère. La mélancolie de la no 3 en fa mineur, la cyclothymie de la no 7, les tensions qui traversent la no 9, la belle humeur de la no 11 (malgré un Soave à fleur de peau), les frissons inquiets de la no 12 (que dissipe in extremis une coda en majeur) : tout sonne pensé, sensible, accompli. Ce Telemann vous prend par la main, plus séducteur et plus profond que certains le supposent parfois.
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