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Analyste: Frédéric Degroote
Maîtres du recitar cantando, D'India et Peri partagent « une même conception de l'imitation prosodique qui mêle chant et déclamation », comme le rappelle Jorge Morales dans son excellente notice. On verra plus volontiers le second comme pionnier et le premier comme défenseur et continuateur du genre monodique. A Peri donc ce mélange de « parler » et de mélodisme expressif, saupoudré de quelques dissonances, et à D'India les audaces harmoniques, offrant l'écrin parfait pour une dramaturgie plus sophistiquée. Ce qu'illustrent les pièces choisies pour cet enregistrement. Au timbre monochrome et quelque peu lustré de Maria Cristina Kiehr, touchante dans le Lamento di Iole de Peri magnifiquement incarné (Uccidimi dolore), répondent la jeunesse, la flexibilité et l'autorité de Romain Bockler. Ecoutez son Lamento di Gia-sone chez D'India (Ancidetemi pur, dogliosi affani) ou son Tu dormi, e'l dolce sonno chez Peri : l'auditeur est suspendu aux lèvres du baryton et celui-ci va plus loin que tout ce qui a pu être enregistré jusqu'à présent chez ces compositeurs. Les deux voix se mêlent avec bonheur, notamment sur les chemins tortueux du langage de D'India (Langue al vostro languir), soutenues avec subtilité par un continuo réduit au minimum. Un répertoire fabuleux, rarement servi avec autant de scrupules.
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