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Analyste: Ivan A. Alexandre Au début des années 1680, le jeune Henry Purcell invitait ses pairs à « répandre le goût sérieux et grave » des Italiens parmi ses compatriotes « désormais appelés à honnir la frivolité et les danseries de nos voisins » (français). Le sacre du roi Charles II, cousin de Louis XIV exilé en France, la formation des « Four and Twenty Fiddlers » sur le modèle de nos « Vingt-quatre Violons », la place tenue à Whitehall par le compositeur français Louis Grabu… rien n'était alors épargné aux chantres britanniques éblouis par l'école romaine. La révocation de l'Edit de Nantes et la fuite vers l'Angleterre des musiciens protestants allaient verser encore un peu plus de Paris dans les oreilles de Londres - et celles de Purcell lui-même. Applaudi outre-Manche, Cadmus et Hermione, première tragédie de Lully, ne fit pas école. On s'inspirait sans adopter. Histoire contée à merveille dans cette visite imaginaire à « Lady Louise », dame d'honneur née en Bretagne puis maîtresse de Charles II qui la fit duchesse de Portsmouth. Étrangement, aux pages de Lully dont l'influence sur Purcell ne fait aucun doute (Cadmus, Isis, Armide , l'air italien « Scocca pur », tous écartés), Lucile Tessier préfère un Sommeil d'Atys sans orchestre ou une folie de Roland réduite pour ensemble de poche. Mais l'un comme l'autre sont rendus admirablement, sous une lumière à la fois vive et intime. Concert raffiné dans les appartements privés d'une Lady qui aime les miroirs - John Blow en face d'Alceste, Purcell en face d'Atys , Matthew Locke en face de Roland … Et programme joyeux en quatre tableaux (rustique, tendre, fou, funèbre) dont la science n'assèche jamais l'esprit. L'accent parigot de la Foolish English Nation et de la New song polyglotte empruntée à Samuel Akeroyde détend un climat ailleurs tout charme et volupté. N'en voulons pas à la flûtiste haut-boïste-bassoniste-animatrice-fondatrice de céder à la victimocratie (« Les femmes jouèrent souvent un rôle substantiel, parfois sous-estimé, dans l'Angleterre de la Restauration ». Sous-estimé par qui ? Pas par nous, mélomanes qui de longue date fêtons la Reine Mary. Par Lucile Tessier peut-être, qui passe outre les songs délicieux de Lady Mary Dering). Admirons plutôt le style toujours parfait du baryton David Witczkak, la fraîcheur punchy d'Eugénie Lefebvre, la légèreté des vents, la noble fantaisie, la manière douce qui embrasse la lyre française et le talon celtique, l'instrumentation ingénieuse… bref, accueillons en ami l'Ensemble Leviathan.
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