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Analyste: Charles Seinecé L'organiste de Notre-Dame de Paris, Olivier Latry, donne à entendre la Messe pour les couvents , chef-d'œuvre composé par Couperin à l'aube de sa vingtaine, sur l'instrument de la chapelle royale de Versailles. « Grandes Orgues 1710 », indique l'éditeur, alors qu'il s'agit d'une reconstruction, effectuée en 1994, dans le style d'origine, « à la manière de Clicquot ». Les sonorités sont magnifiques, le tempérament a beaucoup de caractère et les registrations, choisies avec grand soin, mettent l'orgue très en valeur. Nos réserves tiennent plutôt à l'interprétation de Latry, trop scolaire. Les pièces se succèdent, sans jamais surprendre l'auditeur : l'ornementation est réduite à son strict minimum, l'inégalité des croches très peu variée et les dissonances presque inexploitées, alors que le tempérament permettrait davantage d'expressivité. On le sait, les messes d'orgue de Couperin se pratiquaient en alternant versets à l'orgue et chantés. L'intérêt premier de cette version est de faire revivre le « chant sur le livre », tradition qui consistait à improviser une polyphonie sur le plain-chant - ce dernier, abandonné par Couperin au choix des interprètes, est ici tiré de la très belle Messe du Sixiesme ton d'Henry du Mont (1610-1684), sur le cantus firmus duquel brodent avec brio six chanteurs. Cette pratique, redécouverte assez récemment, est encore quelque peu expérimentale, mais le résultat convainc. On retiendra notamment le Gloria, très dynamique, avec ses interventions courtes, d'abord à une voix, puis de plus en plus développées, qui apportent beaucoup à l'ensemble. En revanche l'ajout à la Messe du long Domine Salvum, que l'on chantait pour le roi, casse ici le principe de l'alternatim, en plus d'être dans un autre ton que l'Ite missa est conclusif.
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