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Outil de traduction |
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Analyste: Wissâm Feuillet
Avec Gumprecht, Losy et Baron, Esaias Reusner est de ces luthistes baroques de l'Europe de l'Est qui, pétris de musique française, amorcèrent une synthèse entre le style brisé et leur langage qu'on pourrait dire « germanique », préparant le terrain à Weiss. William Carter a jeté son dévolu sur trois Suites tirées du maître recueil de Reusner, le Delitiae testudinis (Délices du luth), qu'il complète par d'autres pièces puisées à la même source, parmi lesquelles les célèbres Cascades de Monsieur de Launay, chaconne attribuée à Ennemond Gautier. Souvent lisible et nuancée, son interprétation restitue le caractère de chaque pièce mais manque de séduction, faute de rhétorique et de variété dans l'articulation. Bien qu'écrits dans un esprit non mesuré de nature à favoriser l'agogique, les préludes à la française, privés de liberté, font du sur-place - celui de la Suite no 11 retient néanmoins l'attention par son atmosphère ténébreuse. Les deux pavanes ou les allemandes, nobles et lentes, semblent prises dans le même carcan : Carter a beau les habiller de nuances variées, le discours stagne ou avance mécaniquement (Allemande de la Suite n°6). Si les courantes et les gigues possèdent le rebond nécessaire et conservent un caractère de danse, le jeu apparaît plus confus, en particulier dans le médium et le grave (c'est net dans la gigue de la Suite n°9). L'acoustique très mate du lieu d'enregistrement n'arrange rien. Le curieux retournera plutôt à la version de Konrad Jughänel (DHM, 1992), bien plus habitée, ou à celle, très chantante, de Paul Beier (Stradivarius, 2010).
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