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Classica # 249 (02/2023)
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Analyste: Jérémie Bigorie

L’arrangement par Chad Kelly de la Toccata et fugue en ré mineur pourrait signer une entrée en fanfare, mais il n’en est rien : le jeu concentré de Rachel Podger recherche moins l’illusion qu’à rendre audible la reconfiguration du toucher, la transmutation des résonances et registrations en changement de cordes. Bach ne fut ni le seul ni le premier à écrire des pièces polyphoniques pour violon sans accompagnement. Parmi les compositeurs ayant repoussé les limites de l’instrument, Tartini s’est attaché à convoyer quelques traces de la musique traditionnelle de son Istrie natale dans le recueil de trente sonates Piccole sonate. La no 17, à travers l’Aria del Tasso, permet à l’interprète d’investir l’infra-chromatisme par des inflexions troubles.

L’influence italienne, notamment celle de Corelli, est perceptible dans la superbe Suite pour violon seul de Westhoff, synthèse entre les styles allemand et italien, et dans le recueil à visée pédagogique de John Walsh, Select preludes and vollentarys for the violon, publié à Londres en 1705. L’œuvre étonnante de Vilsmayr se ressent quant à elle de l’enseignement de Biber. On admire la vision propre et maîtrisée de Podger : un violon toujours bien tenu, aux sonorités parfois sourdes (Fantaisie de Matteis) mais aussi frémissantes (les études de Nogueira), avec une ornementation intelligemment apprêtée (les arias de Vilsmayr) et des poussées d’enthousiasme.

 

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